(mis en ligne le 12 juillet 2018)
Le mois de juin 2018 est chaud, bien arrosé en début de mois avec de nombreux orages et de la grêle puis ensoleillé et plus sec en fin de mois. La température moyenne mensuelle est au-dessus de la normale de +1,5°C à localement +5°C. Les cumuls de précipitations sont modérés (de 50 mm à 150 mm) sur la majeure partie du bassin. Le littoral méditerranéen de Marseille à Perpignan enregistre des cumuls plus faibles, de 10 à 50 mm. La fonte du manteau neigeux est terminé sur les reliefs alpins.
Le bilan pluviométrique mensuel est majoritairement déficitaire sur la moitié nord du bassin avec des déficits enregistrés de moins 75% de la normale sur un large secteur de la Savoie (73) et des Hautes Alpes (05). Le bilan est majoritairement excédentaire sur la moitié sud du bassin, jusque 2 fois la normale sur les Alpes maritimes (06) et l'Hérault (34).
Le bilan pluviométrique depuis le 1er septembre 2017 est proche de la normale ou excédentaire (jusque 150%) sur la majeure partie du bassin. Il reste plusieurs petits secteurs déficitaires (de 10% à 25%) répartis sur la vallée du Rhône, les Hautes Alpes (05), les Bouches du Rhône (13), le Var (83) et les Pyrénées Orientales (66). Le cumul des pluies efficaces depuis le 1er septembre 2017 reste largement positif sur l'ensemble du bassin (de 50 mm à 2000 mm).
Au 1er juillet 2018 :
- Les débits des cours d'eau sont élevés en ce début d'étiage principalement sur ceux des régions sud du bassin. L'hydraulicité est majoritairement proche ou supérieure à la moyenne mensuelle interannuelle pour l'ensemble des cours d'eau du bassin. Les cours d'eau de la moitié nord du bassin présentent des débits mensuels plus hétérogènes avec une nette amélioration en Bourgogne Franche-Comté. Quelques cours d'eau du bassin Rhône amont enregistrent des écoulements minimums caractéristiques d'une période de retour sèche de 5 à 10 ans (le Scey à Beveuge, la Chalaronne à Villards les Dombes, la Ménoge ....) et supérieure à 10 ans (la Sereine à Montluel et la Véga sur le bassin versant des 4 vallées Bas Dauphiné). A l'inverse, en région PACA, le Jabron et l'Artuby présentent une période de retour de 50 ans à caractère humide.
- Le débit de la Saône à la station de Couzon (en amont de la confluence avec le Rhône) enregistre un débit moyen mensuel (320 m3/s) légèrement supérieur au débit moyen mensuel interannuel (270 m3/s). Les débits du Rhône sont supérieurs à la moyenne mensuelle interannuelle sur toutes les stations suivies.
- Les niveaux des nappes d'eau souterraine sont élevés en ce début d'étiage mais la tendance générale est à la baisse en fin de mois. 62% des points suivis ont des niveaux proches de la moyenne voire au-dessus, majoritairement ceux de la moitié sud du bassin. Ainsi, le niveau des alluvions de l'Hérault et des alluvions de l'Aude est très haut pour cette période de l’année. Les niveaux sont modérément bas à très bas pour 38% des points suivis situés principalement à l'amont de l'axe Rhône-Saône. Les niveaux restent très bas pour les alluvions fluvio-glaciaires de l'est lyonnais (69) et de la plaine de Valloire (26) ainsi que les cailloutis plioquaternaires de la Dombes. Les aquifères de la vallée du Rhône, en aval de Lyon, ont enregistré de légères hausses mais insuffisantes pour atteindre la moyenne.
- Les taux de remplissage des retenues du bassin sont tous supérieurs à 80%. Ces niveaux permettront de gérer la période d'étiage sans difficulté. En juin, la gestion optimisée du remplissage des barrages de Serre-Ponçon et Castillon dans les Alpes du sud, permet de débuter la saison estivale dans de bonnes conditions, avec des perspectives d'apports favorables durant l'été. Les retenues à vocation hydroélectrique des Alpes du nord sur l'Isère, le Drac et l'Arve présentent un remplissage supérieur à la normale.
- Les sols superficiels se sont nettement asséchés au cours du mois sur les secteurs ayant enregistrés de faibles cumuls de précipitations. Ainsi, sur la moitié nord du bassin, les déficits atteignent 20%, voire 30%, sur plusieurs secteurs en Savoie (73), Haute-Savoie (74) et Hautes-Alpes (05). Sur la moitié sud du bassin, les sols sont relativement humidifiés et les excédents atteignent 60% sur quelques secteurs.
- Les indices du réseau ONDE (Observatoire national des étiages) sont tous supérieurs à 9. Les stations d'observations de la campagne usuelle de juin 2018 sont à 97% en écoulement visible. Cette situation est plutôt exceptionnelle pour un début de période estivale sur le bassin Rhône-Méditerranée. Ainsi, les niveaux d’écoulement sont très favorables aux milieux aquatiques et aux espèces qui en dépendent. Cela a bénéficié, en particulier, aux cycles de vie des espèces cyprinicoles et aux amphibiens.
Limitation des usages de l'eau au 10 juillet 2018 :
Trois départements, l'Isère (38), le Rhône (69) et la Drôme (26) ont des secteurs placés en vigilance ou en alerte, essentiellement pour leurs eaux souterraines. La nappe de l'est lyonnais est placée en vigilance depuis le 17 avril 2018 en Isère (38) et en vigilance (couloir Décines) / alerte (couloirs Heyrieux et Meyzieu) depuis le 25 avril 2018 sur le Rhône (69).
Cinq départements ont revu les modalités de déclenchement des seuils dans leur arrêté cadre sécheresse applicables pour l’étiage 2018 : l'Isère (38) et les Pyrénées orientales (66) le 30 mai 2018, l'Hérault (34) le 18 juin 2018, l'Aude (11) le 27 juin 2018, le Gard (30) le 2 juillet 2018.
Bilan : les précipitations conséquentes du printemps ont permis une recharge efficace des eaux superficielles et des eaux souterraines. Avec les pluies modérées du mois de juin, les indicateurs hydrologiques sont restés majoritairement proches ou supérieurs aux normales saisonnières. Quelques indicateurs restent inférieurs aux normales en région Bourgogne Franche-Comté, sur le bassin versant de la Saône et les affluents du Rhône en amont de Lyon. De plus, la plupart des nappes d'eau souterraine fortement exploitées en vallée du Rhône conservent des niveaux bas, inférieurs au quinquennal ou décennal sec.
Cette situation hydrologique favorable permet d'aborder sereinement l'étiage estival. Contrairement aux 2 années précédentes, peu de secteurs présentent des situations de sécheresse. La situation sur les secteurs en déficit chronique de l'axe Rhône-Saône est cependant à suivre avec vigilance. De même, avec la perspective de faibles précipitations et la reprise des prélèvements pour l'irrigation dans les mois à venir, la situation fragile de la ressource en eau sur certains secteurs au centre et nord du bassin est à suivre de près.
(Ci dessous liens vers les cartes et tableaux de données)