Les précipitations restent faibles en avril ; les maximums sont enregistrés sur les reliefs des Alpes du nord et du sud (en certains secteurs ponctuels, elles peuvent atteindre 200 mm). Ce mois se caractérise par des températures fraîches avec la survenue d’épisodes de gelées. L’écart des températures moyennes à la normale est plus important en région PACA (-5,4°C) que sur le secteur Rhône amont (-0,8°C) et sur la région ARA (- 0,7°C).
Les sols sont très secs en Camargue gardoise (indice compris ente 0,20 et 0,30) et sur le littoral languedocien (indice 0,30-0,35). Sur les reliefs des Alpes du sud, des Alpes du nord et du Jura, les sols sont les plus humides (indice compris entre 0,85 et 1,00).
Les cours d’eau du bassin sont très dégradés : 85 % des stations présentent des débits de cours d’eau faibles à très faibles. Les proportions de stations présentant ces bas débits sont très importantes : BFC (94%), Occitanie (92%), ARA (87%) et PACA (65%), soit, par rapport au mois dernier, respectivement des hausses de 27 %, 36 %, 11 % et une baisse de 3 %.
Les débits du Rhône sont inférieurs à la moyenne sur la période 1920-2020 à toutes les stations : Bognes (230 m³/s - moy = 330 m³/s), Perrache (340 m³/s - moy = 630 m³/s), Ternay (500 m³/s - moy = 1 130 m³/s), Valence (760 m³/s - moy = 1 550 m³/s) et Beaucaire (890 m³/s - moy = 1 900 m³/s).
Le niveau des nappes d’eaux souterraines du bassin continue d’évoluer à la baisse : 68 % des stations présentent des nappes à débit modérément bas à très bas (+4 % par rapport à mars). Les régions ARA, BFC et Occitanie présentent les plus grandes proportions de nappes dans cette situation avec respectivement 74 %, 67 % et 77 %.
L’essentiel des retenues affiche un bon taux de remplissage supérieur à 70 %.
En avril, les départements du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône ont réalisé des campagnes complémentaires ONDE (Observatoire national des étiages). Dans le Vaucluse, l’indice de 9,33 ne reflète pas la situation dégradée d’une majorité des cours d’eau du département : sur les 30 stations du département, 17 présentent un écoulement faible, 2 sont en assecs et seulement 11 stations affichent un écoulement acceptable. La situation observée en Vaucluse est unique depuis le début des campagnes ONDE en 2011. Dans les Bouches-du-Rhône, l’indice calculé est de 8,8 et la situation du Réal de Jouques est très dégradée.
Au 10 mai, neuf départements ont pris des mesures préfectorales de limitation des usages de l’eau, atteignant comme plus haut niveau : la crise (bassin Réal de Jouques dans les Bouches-du-Rhône et le Var), l’alerte (pour les eaux souterraines de la nappe plioquaternaire – bordure côtière nord des Pyrénées-Orientales, pour la nappe du couloir d’Heyrieux – nappe de l’est lyonnais (zone 7) du Rhône et pour les eaux souterraines de Dombes – Certines dans l’Ain). Un appel à la vigilance est lancé pour 6 secteurs de nappes d’eaux souterraines des Pyrénées-Orientales, 4 du Rhône, les bassins versants de la Dombes dans l’Ain ainsi que l’ensemble des départements des Bouches-du-Rhône, du Var, de l’Hérault, du Gard, du Vaucluse et de l’Isère.
En conclusion, la situation des nappes et des cours d’eau est très dégradée : des mesures de crise ont commencé à être prises fin avril pour placer le Réal de Jouques en crise, une bonne partie des cours d’eau du Vaucluse présente des écoulements faibles voire des assecs et des mesures d’alerte ont été prises pour certaines nappes des Pyrénées-Orientales, du Rhône et de l’Ain. Ceci conforte le sentiment d’une installation précoce de la sécheresse sur le bassin.