JUIN 2024 : Un début d’été orageux sur la majorité du bassin

Champ d'éoliennes sur ciel orageux

La pluviométrie mensuelle est de nouveau excédentaire sur la Bourgogne, les Alpes centrales et la moyenne vallée du Rhône. Les températures fraîches et le déficit d’ensoleillement ont permis aux précipitations, pourtant dans les normes, d’être plus efficaces sur les Alpes du nord et le Jura. Tout le littoral méditerranéen, y compris l’arrière-pays, est en déficit pluviométrique, à l’exception de la Camargue. Le déficit est particulièrement marqué sur l’Hérault, le sud du Gard et le Var.

Au 1er juillet 2024, les retenues de Bourgogne-Franche-Comté conservent des taux de remplissage conformes aux normales de saison, largement supérieurs à ceux des 1er juillet 2022 et 2023. Dans les Alpes, les retenues hydroélectriques bénéficient encore de la fonte des neiges et de précipitations abondantes. Leurs taux de remplissage augmentent rapidement. Les retenues cévenoles et de l’arrière-pays languedocien conservent des niveaux conformes aux normales de saison. Les taux de remplissage des retenues multi-usages en plaine littorale et dans les Pyrénées-Orientales sont comparables à ceux du 1er juillet 2023, et restent encore insuffisants pour assurer pleinement le soutien aux usages en cas d’étiage sévère.

Le débit des cours d’eau se maintient au-dessus des normales sur la région Bourgogne-Franche-Comté, l’axe Rhône-Saône, l’Ain et les affluents du Rhône. Dans les Alpes du sud, les débits sont toujours excédentaires. Sur le littoral de la région PACA, et notamment dans le Var, on observe une baisse constante des débits des cours d’eau. Dans les Cévennes et l’arrière-pays languedocien, les débits diminuent, mais l’hydraulicité reste au-dessus des normales. La situation se dégrade pour la majorité des cours d’eau en plaine et les fleuves côtiers du Roussillon, avec une hydraulicité désormais inférieure à la moyenne.

Les nappes de Bourgogne-Franche-Comté se maintiennent à des niveaux hauts à très hauts et les sols restent très humides. La période de vidange des nappes inertielles se met lentement en place dans le couloir Rhône-Saône. Les nappes très inertielles de la Bresse et des Dombes, ainsi que les nappes de la Drôme des collines présentent toujours des niveaux modérément bas à bas. La fonte des neiges et les pluies impactent encore favorablement les nappes dans les vallées alpines, qui enregistrent des niveaux stables ou en hausse. Sur le sud du bassin, les déficits pluviométriques affectent les nappes déjà fragilisées par une recharge 2023-2024 insuffisante. Les nappes de Provence et de la Côte d’Azur sont globalement proches des normales, mais les niveaux sont hétérogènes, allant de bas à hauts. La situation reste dégradée sur l’ouest du littoral du Languedoc et sur le Roussillon, avec des sols très secs et des niveaux très bas.

1. Point météorologique : précipitations, enneigement, températures

Pluviométrie

Avec un cumul de précipitations de 112,3 mm sur le nord du bassin, soit 125,5 % de la normale d’un mois de juin, ce mois se place au 17ᵉ rang des cumuls les plus élevés depuis 1959. Le cumul de précipitations reste proche des normales sur le nord-ouest de Rhône-Alpes, le Haut-Doubs, le mont Blanc, le Beaufortain et vers le Tricastin. Il est ponctuellement déficitaire, de seulement 10 %, sur le Doubs et le Jura, 20 % sur le Nord-Isère, et de 30 à 50 % sur le Lyonnais, la vallée d’Oyonnax et la vallée de l’Arve en Haute-Savoie. Sur les autres secteurs, les cumuls se situent nettement au-dessus des normales. L’excédent est compris entre 10 et 25 % du bassin de Chambéry au bassin lémanique ; entre 50 et 100 % sur l’Oisans, la Haute-Maurienne, le Pilat, le Morvan, la Haute-Saône et le sud-est de la Haute-Marne. Dans ces secteurs, le cumul de précipitations atteint parfois 2 à 3 fois la normale.

Le mois de juin 2024 a été peu arrosé sur les zones littorales, avec moins de 10 jours de pluie et des cumuls de l’ordre de 10 à 30 mm du Golfe du Lion jusqu’à la Côte d’Azur. Il est tombé entre 50 et 100 mm sur les Cévennes, le Mercantour et les Alpes-de-Haute-Provence, et 100 à 200 mm sur les Hautes-Alpes, localement 250 mm sur le Queyras et les Écrins. En termes d’anomalie, les Hautes-Alpes ainsi que la Camargue sont excédentaires, avec des cumuls de pluie entre 150 et 200 % par rapport à la normale, et 200 à 300 % sur le Queyras. L’ensemble des départements littoraux sont déficitaires de 25 à 75 % par rapport à la normale, 43 % sur l'Hérault, 36 % sur l'Aude et 32 % sur les Pyrénées-Orientales. La Lozère, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et le Mercantour présentent des bilans proches de la normale, entre 75 et 125 %.

 

Cumul de précipitations Juin 2024

Rapport à la normale 1991/2020 des précipitations Juin 2024

 

Depuis le 1er septembre 2023, le cumul des précipitations sur le nord du bassin est de 1 319 mm, soit 131,6 % de la normale. C’est le 4ᵉ cumul le plus élevé depuis 1959. Hormis dans le Tricastin, les cumuls sont excédentaires sur le nord du bassin, avec un rapport à la normale de 110 à 150 %, localement 160-180 % sur les Hautes-Alpes ou le Haut-Vivarais.

Depuis le début de l'année hydrologique, les Pyrénées-Orientales, l’Aude et l’ouest de l’Hérault sont déficitaires, avec des cumuls de l’ordre de 50 à 75 % par rapport à la normale, et même 25 à 50 % sur le littoral perpignanais. À l’inverse, l’ensemble du relief est excédentaire, avec des pluies entre 125 et 150 % par rapport à la normale sur les Cévennes, le Mercantour et les pré-Alpes, et 150 à 200 % sur l’Ubaye et les Hautes-Alpes. Sur le Gard, la vallée du Rhône, la Provence, le Var et la Côte d’Azur, le bilan est proche de la normale, de 75 à 125 %.

Rapport à la normale 1991/2020 des précipitations de septembre 2023 à juin 2024

 

Précipitations efficaces

Avec 16,8 mm de pluies efficaces agrégées sur le nord du bassin, pour une normale de - 8,9 mm pour un mois de juin, c’est le 18ᵉ cumul le plus élevé depuis 1959. Les précipitations efficaces varient entre -50 et -25 mm le long de la vallée du Rhône et +150 à +200 mm entre l’Oisans et le Briançonnais. Elles sont de -25 à 0 mm sur le Lyonnais, la Bresse et le Nord-Isère. Les précipitations efficaces atteignent régulièrement +25 à +50 mm sur la Franche-Comté, localement +50 à +75 mm sur le Haut-Jura, les Vosges et le sud-est de la Haute-Marne. Sur les massifs alpins, les précipitations efficaces s’échelonnent de +50 à +100 mm.

Sur le mois de juin 2024, les pluies efficaces sont faiblement négatives, entre 0 et -50 mm sur la quasi-totalité du sud du bassin, et plus particulièrement sur l’arrière-pays héraultais et gardois. Elles sont comprises entre -50 à -75 mm sur le pays Grassois. Elles sont faiblement positives de 0 à +50 mm sur la Lozère et le Gapençais, et bien plus marquées sur les massifs des Hautes-Alpes, de +75 à +150 mm sur les Écrins, le Briançonnais et le Queyras.

 

Cumul de pluies efficaces Juin 2024

 

Depuis le mois de septembre 2023, le cumul des pluies efficaces sur le nord du bassin est de 873 mm, soit 146,6 % par rapport à la normale. Il s’agit du 6ᵉ cumul le plus élevé depuis 1959. Le rapport à la normale est souvent compris entre 130 et 160 % sur le nord du bassin. Il atteint ponctuellement 180 % en Bresse, dans le Beaujolais, le Haut-Vivarais, ou sur les Hautes-Alpes. Le cumul des pluies efficaces est proche des normales dans le Tricastin.

Depuis le début de l’année hydrologique, le bilan est très déficitaire sur le Languedoc-Roussillon, avec un rapport à la normale de 25 à 50 % généralement, voire inférieur à 25 % sur les littoraux perpignanais et audois. Ce déficit est moins marqué sur le Gard, la vallée du Rhône, la Provence et le Var, de 50 à 90 %. L’ensemble du relief présente un bilan positif, avec un rapport de 125 à 200 % à la normale sur la Lozère et l’arc Alpin, et localement 200 à 300 % sur les Hautes-Alpes.

 

Cumul de pluies efficaces de septembre 2023 à juin 2024

 

Crues et inondations

Le 2 juin 2024, le sud-est de la Haute-Saône est touché par un fort épisode orageux. Une quinzaine de communes, entre Héricourt et Villersexel, sont impactées par une montée rapide des eaux. A Gémonval dans le Doubs, des coulées de boue traversent le village. Une situation inédite depuis 2001.

Des pluies, diluviennes se sont abattues par endroits sur les Alpes à la fin du mois de juin 2024. Entre le 21 et le 22 juin, il est tombé sur l’Isère 90 à 120 mm de pluie en 48 h. Ces précipitations, cumulées à une fonte accélérée du manteau neigeux à 3 000 mm due à la hausse des températures, ont provoqué des crues torrentielles dévastant le hameau de la Bérarde à Saint-Christophe-en-Oisans, en Isère. Le 24 juin, des inondations ont eu lieu dans la vallée de la Vésubie dans les Alpes-Maritimes, un secteur vulnérable depuis la tempête Alex de début octobre 2020. On relève près de 77 mm en 24 h à Isola 2000, et globalement entre 20 et 40 mm généralisés sur les zones frontalières avec l'Italie.

Du 25 au 29 juin, les orages localisés mais violents provoquent des ruissellements et des coulées de boue sur la frontière franco-suisse. Le 26 juin, les communes de Devecey, de Bonnay et de Menoux en Haute-Saône connaissent des inondations. Le 27 juin, c’est à Vaux-Saules en Côte-d’Or que l’orage sévit avec violence en soirée, avec des routes coupées.

 

Les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de juillet, août et septembre 2024 privilégient un scénario sec sur tout le bassin, à l’exception de la région BFC. Ce scénario légèrement plus probable s’entend à l’échelle du trimestre et n’exclut pas des épisodes ponctuels avec une pluviométrie pouvant être localement importante. Aucune tendance n’est privilégiée sur le nord du bassin. Néanmoins, la fiabilité des prévisions est limitée pour ce trimestre, notamment à cause de la fin du phénomène El Niño sur le Pacifique tropical.

 

Prévisions précipitations juillet aout septembre 2024

 

Températures

En juin 2024, l’ensoleillement a été déficitaire de 10 % sur les Alpes et de 20 à 30 % sur le sud de la Bourgogne-Franche-Comté, le reste de la région Rhône-Alpes et l’est de la région PACA. Le soleil a brillé seulement 169 heures à Saint-Étienne dans la Loire, record mensuel de faible ensoleillement sur la période 1991-2024. Il a gelé à la station de Mouthe dans le Doubs à 940 m, avec une température de −0,9 °C enregistrée le 12 juin. Une telle gelée en juin sur cette station n’était plus arrivée depuis 2013. La température moyenne mensuelle est légèrement supérieure aux normales de +0.5°C, dans le Jura et le Doubs, et +0.7°C sur l’Aude. Les deux précédents mois de juin avaient connu des excédents supérieurs à 2 °C. Sur le reste du bassin, les températures sont restées très proches des normales. Les jours de fortes chaleurs supérieures à 30 °C ont été moins nombreux que d’habitude. La barre symbolique des 40 °C n’a pas été franchie sur le bassin au mois de juin 2024, contrairement aux deux années précédentes. Les températures ont pu tout de même rester au-dessus de 20 °C certaines nuits.

Les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de juillet, août et septembre 2024 privilégient le scénario d’un trimestre plus chaud que la normale sur le bassin. Cette probabilité est plus marquée pour la moitié sud du bassin. Néanmoins, la fiabilité est limitée pour ce trimestre, notamment à cause de la fin du phénomène El Niño sur le Pacifique tropical.

 

Prévisions températures juillet aout septembre 2024

 

Enneigement

En Haute-Savoie, l’équivalent en eau du manteau neigeux reste supérieur aux normales au 1er juillet 2024. Sur le reste du massif alpin, le stock de neige a presque totalement fondu.

 

 

2. Situation des milieux aquatiques et de leurs habitats

La deuxième campagne de l’Observatoire national des étiages (ONDE) à l’échelle du bassin pour l’année 2024 a été réalisée du 21 au 28 juin par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB). 35 stations sont en rupture d’écoulement ou en assec, localisées majoritairement en Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, contre 108 stations en 2023 à la même période, réparties sur l’ensemble du bassin.

La situation de cette fin juin 2024 est la plus favorable rencontrée, après celles de 2018 et 2013 à la même période, depuis la mise en œuvre du dispositif ONDE en 2012.

 

ONDE Juin 2022

ONDE Juin 2023

ONDE Juin 2024

Juin 2022

Juin 2023

Juin 2024

Statistiques ONDE Juin 2022

Statistiques ONDE Juin 2023

Statistiques ONDE Juin 2024

 

La situation se détériore sur les départements littoraux, avec 15 % à 25 % des cours d’eau observés en difficulté.

Après une nette amélioration observée le mois dernier, la situation des Pyrénées-Orientales se dégrade : seuls 14 petits cours d’eau observés présentent un écoulement visible acceptable, contre 28 à la fin mai 2024. 39 % des cours d’eau observés sont désormais en écoulement faible ou non visible, et 6 % en assec. Pour comparaison, 39 % des cours d’eau étaient en difficulté en juin 2023 et 18 % en juin 2022.

 

ONDE Pyrénées-Orientales Juin 2024

 

3. Situation des retenues d’eau

Au 1er juillet 2024, les retenues de Bourgogne-Franche-Comté conservent des taux de remplissage conformes aux normales de saison, largement supérieurs à ceux des 1er juillet 2022 et 2023.

Les retenues hydroélectriques des Alpes bénéficient encore de la fonte des neiges et de précipitations abondantes. Leurs taux de remplissage augmentent rapidement.

Les retenues de Montpezat dans le Massif Central sont désormais remplies à 100 %. Les taux de remplissage des retenues du Chassezac ont encore diminué depuis le 1er juin, mais restent supérieurs à ceux des 1er juillet 2022 et 2023.

Les retenues cévenoles et de l’arrière-pays languedocien conservent des niveaux conformes aux normales de saison. Les taux de remplissage des retenues de Ganguise et des Olivettes au 1er juillet 2024 restent toutefois inférieurs à ceux du 1er juillet 2022. Les taux de remplissage des retenues multi-usages en plaine littorale et dans les Pyrénées-Orientales sont semblables à ceux du 1er juillet 2023, et restent encore insuffisants pour assurer pleinement le soutien aux usages en cas d’étiage sévère.

 

Canaux VNF :

Au niveau national, les canaux VNF ont un taux de remplissage de 93 % au 1er juillet 2024, pour une moyenne habituelle de 81 % sur ces 10 dernières années. Le Canal de Bourgogne, versant Saône, conserve son taux de remplissage maximum utile. Le taux de remplissage du Canal du Midi est de 99 %, contre 95 % en 2023.

 

Remplissage des retenues d'eau fin juin 2024

 

4. Hydrologie : cours d’eau, hydraulicité, fleuve Rhône

Les précipitations relativement importantes et régulières de la fin du mois de juin 2024 sur la région Bourgogne-Franche-Comté ont permis le maintien de débits supérieurs à la moyenne.

Malgré des précipitations toujours supérieures à la normale, les valeurs d’hydraulicité diminuent pour se rapprocher d’une situation proche de la normale sur la région Rhône-Alpes. Les bas débits caractérisés par le VCN3 sont globalement hauts sur l’ensemble de la région. Sur l’axe Saône, l’Ain et les affluents du Rhône, les débits restent nettement supérieurs à la normale. L’hydraulicité de la rivière Ardèche peut varier entre des valeurs moyennes et des valeurs faibles.

Dans les Alpes, entre les différents épisodes pluvieux plus ou moins intenses et la fonte des neiges qui se poursuit, les débits sont toujours excédentaires. Et les hydraulicités enregistrées sont toujours supérieures ou très proches de la normale. Sur le littoral de la région PACA, et notamment dans le Var, on observe une baisse constante des débits des cours d’eau. Les hydraulicités sont inférieures à la normale.

Dans les Cévennes et l’arrière-pays languedocien, les débits diminuent, mais l’hydraulicité reste au-dessus des normales. La situation se dégrade pour la majorité des cours d’eau de plaine et les fleuves côtiers du Roussillon, avec une hydraulicité désormais inférieure à la moyenne.

 

Fleuve Rhône :

Le mois de juin 2024, du fait d’une pluviométrie soutenue et régulière sur l’ensemble du bassin Rhodanien, se caractérise par une hydraulicité au-dessus de la moyenne interannuelle sur les 5 stations du Rhône ainsi que de la Saône. Ces débits élevés ont pu être maintenus jusqu’à la station de Beaucaire, en amont de la Camargue, sans pour autant engendrer de crue sur les affluents. Le coefficient d’hydraulicité est supérieur à 1 pour l’ensemble des stations.

 

Coefficient d’hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2024

 

BOGNES

TERNAY

VALENCE

BEAUCAIRE

juillet 2020 − juin 2021

1.03

0.98

0.95

0.90

juillet 2021 − juin 2022

0.92

0.86

0.83

0.76

juillet 2022 − juin 2023

0.90

0.72

0.69

0.65

juillet 2023 − juin 2024

1.24

1.22

1.20

1.21

Source : Compagnie nationale du Rhône (CNR)

 

 

5. Humidité des sols

Depuis le 1er mai 2024, l’indice d’humidité des sols agrégé sur le nord du bassin se situe à des valeurs élevées, quasiment toujours au-dessus du 8ᵉ décile. Ainsi, le 1er juillet, l’indice d’humidité des sols agrégé sur le bassin se situe encore au-dessus du 9ᵉ décile, sans atteindre toutefois des valeurs records. L’indice d’humidité des sols est proche des normes sur le Haut-Doubs ou sur quelques massifs des Alpes du Nord, comme le mont Blanc et le Beaufortain. En dehors de ces secteurs, le bassin connaît des sols particulièrement humides pour la saison, avec une anomalie comprise entre +20 et +50 %. Dans la région de Gap, le Trièves, en basse Ardèche, dans le Haut-Vivarais, l’Ouest lyonnais et en plaine de Saône, l’anomalie atteint même 50 à 80 %, ponctuellement plus de 90 % en Haute-Saône et sur le sud-est de la Haute-Marne.

Par rapport au mois précédent, les sols se sont globalement asséchés sur le sud du bassin. Les sols sont très secs sur le littoral du golfe du Lion, des Pyrénées-Orientales jusqu’en Camargue, et assez secs de la vallée du Rhône jusqu’au Var et la Côte d’Azur. Ils restent à un niveau correct d’humidité sur l’ensemble du relief, Pyrénées, Cévennes, Mercantour, Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes, et en particulier sur les Écrins et le Queyras où ils restent très humides. Les indices d’humidité des sols sont très inférieurs à la normale sur le littoral des Pyrénées-Orientales et de l’Aude.

 

Indice d'humidité des sols 1er juillet 2024

Ecart pondéré à la normale 1991/2020 de l'indice d'humidité des sols 1er juillet 2024

 

6. Situation des nappes d'eaux souterraines

La recharge 2023-2024 des nappes a été excédentaire sur une grande partie du bassin, à l’exception du Roussillon et du littoral ouest du Languedoc. La période de vidange s’est mise progressivement en place à partir d’avril 2024. Cependant, les cumuls pluviométriques ont été suffisants durant le printemps pour conserver des sols humides et satisfaire les besoins en eau de la végétation. Des pluies ont alors pu s’infiltrer en profondeur et soutenir voire recharger les nappes jusqu’en juin.

Malgré une tendance à la baisse, les précipitations du mois de juin maintiennent les nappes de Bourgogne à des niveaux hauts à très hauts. En Franche-Comté, la nappe de Dommartin dans le Jura présente encore un niveau en hausse. Les nappes très inertielles de la Bresse et des Dombes présentent toujours des niveaux modérément bas, pouvant être localement bas à très bas.

La période de vidange des nappes inertielles se met lentement en place dans le couloir Rhône-Saône, avec des niveaux modérément hauts à hauts. Sur les nappes d’alluvions fluvio-glaciaires du Rhône moyen, la situation reste beaucoup plus favorable qu’au cours des 8 années précédentes à la même période. Le niveau de la nappe de la Plaine de Valence continue de s’améliorer. Localement, des niveaux moins satisfaisants, de modérément bas à bas, s’observent sur plusieurs piézomètres de la Drôme des collines, au nord de la nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné. La fonte des neiges et les pluies bénéficient aux nappes des vallées alpines, qui observent des niveaux stables ou en hausse.

Sur le sud du bassin, les déficits pluviométriques touchent les nappes les plus fragilisées par une recharge 2023-2024 déficitaire. Les nappes de Provence et de la Côte d’Azur sont globalement proches des normales, mais les niveaux sont hétérogènes, de bas à hauts, selon les cumuls pluviométriques locaux de ces dernières semaines.

 

Focus Occitanie

La situation reste dégradée sur l’ouest du littoral du Languedoc et sur le Roussillon. La nappe des sables astiens de Valras-Agde affiche des niveaux conformes aux normales mensuelles du fait d’une faible pression par les prélèvements pour le tourisme et l’irrigation ou l’eau potable, mais les situations locales peuvent être hétérogènes. Les nappes alluviales de l’Hérault et de l’Orb sont modérément basses et celles de l’Aude basse. A Béziers-Clairac, les niveaux de la nappe sont remontés assez longtemps au printemps avant de se stabiliser. Ils sont en baisse ces dernières semaines mais suivent une pente de vidange plus faible que d’habitude. Sur ce secteur agricole, les vignes commencent tout juste à être irriguées. Par ailleurs depuis 2022, la conduite Aqua Domitia venant du fleuve Rhône dessert en eau brute de nombreuses parcelles agricoles, parfois en substitution des prélèvements dans la nappe astienne, ce qui diminue les pressions. Les niveaux sur le Roussillon restent très préoccupants, de bas à très bas. Les précipitations du printemps ont permis d’engendrer des recharges sur les nappes superficielles réactives du massif des Corbières et des alluvions de la plaine du Roussillon. Cependant, les volumes infiltrés restent très insuffisants pour compenser les déficits enregistrés depuis deux ans. Les pluies n’ont pas eu d’effets sur la nappe profonde - donc plus inertielle - des sables pliocènes.

 

Situation des nappes d’eaux souterraines fin juin 2024

 

7. Mesures d'anticipation et de restriction des usages de l'eau

Au 1er juillet 2024, 5 départements du bassin Rhône-Méditerranée ont des secteurs en vigilance ou sont concernés par des mesures de restrictions de l’usage de l’eau : 

Vigilance : l’Ain (nappe de la Dombes), le Var et l’Hérault.

Alerte : l’Hérault et les Pyrénées-Orientales.

Alerte renforcée : l’Ain (nappe de la Dombes), l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales.

Crise : l’Aude et les Pyrénées-Orientales.

 

Restrictions eaux superficielles Restrictions eaux souterraines

Restrictions eaux superficielles 1er juillet 2024

Restrictions eaux souterraines 1er juillet 2024

Légende VigiEau

 

Publié le 24/10/2024