Mars 2025 : Début d'asséchement sur le nord du bassin mais pluviométrie exceptionnelle dans le sud

La tendance pluviométrique de février se confirme en mars 2025, avec un déficit de précipitations important et des sols qui s’assèchent sur la moitié nord du bassin, et un fort excédent de précipitations et des sols très humides sur la moitié sud, avec de nombreux épisodes méditerranéens, dont les tempêtes Jana et Martinho. Les départements du Roussillon ont enfin bénéficié de précipitations régulières, avec 6 à 10 jours de pluie de plus que la normale. Au 1er avril 2025, l’enneigement est déficitaire à basse et moyenne altitude sur les reliefs, mais légèrement excédentaire à haute altitude, notamment sur les Alpes du Sud et les Pyrénées-Orientales.

Les taux de remplissage des retenues des Alpes du Nord restent bas au 1er avril 2025, en prévision de la fonte des neiges et des précipitations printanières. Le remplissage des retenues est globalement dans les normales de saison sur le reste du bassin, à l'exception des retenues de l'arrière-pays des Pyrénées-Orientales.

 

Fin mars 2025, les débits des cours d'eau reflètent l'hétérogénéité importante des précipitations entre les différents secteurs du bassin, avec une tendance à la baisse sur la Franche-Comté et les Alpes du Nord, des débits proches des normales sur l'axe Rhône-Saône, et une hydraulicité forte à très forte sur l'Ardèche, les Cévennes, le Languedoc et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Les débits des cours d'eau s'améliorent dans le Roussillon, mais la situation reste fragile.

Les déficits pluviométriques de février et mars 2025 impactent les nappes du nord du bassin, et le début de la période de vidange se généralise. Les nappes de la bordure cévenole, de la Provence et du pourtour méditerranéen bénéficient de plusieurs épisodes de recharge depuis début février 2025, qui permettent de résorber les déficits accumulés durant la fin de l'automne et le début d'hiver 2024-2025. Quelques situations locales restent fragiles sur les nappes du Roussillon.

1. Point météorologique : précipitations, températures, neige

Pluviométrie mensuelle

Avec un cumul de précipitations agrégées sur le nord du bassin de 78.8 mm, soit 97.7 % de la normale, le mois de mars 2025 est très légèrement déficitaire et se situe au 31ème rang le plus faible depuis 1959. Les cumuls sont excédentaires du Champsaur à la Drôme à l'exception du Vercors, et sur l'Ardèche jusqu'au sud du Pilat. Sur les Baronnies, l'excédent pluviométrique atteint plus du double de la normale, ainsi qu'en Ardèche, avec 300 % de la normale sur le Vivarais et les Cévennes. Partout ailleurs sur le nord du bassin, les précipitations sont déficitaires. Le déficit est de 10 à 30 % sur la Bourgogne et du Lyonnais au nord Isère, de 30 à 70 % sur la Haute Saône et du Jura au Doubs, et de 50 à 80 % sur les deux Savoies, en dehors de l'Oisans.

Ce mois de mars 2025 est exceptionnellement arrosé sur la moitié sud du bassin. Avec de nombreux épisodes méditerranéens, dont les tempêtes Jana et Martinho, les cumuls journaliers sont parfois supérieurs aux cumuls mensuels normaux. Le rapport à la normale pluviométrique est de 200 à 300 %, voire localement jusqu'à 400 à 500 % autour du Golfe de Fos-sur-Mer et de l'Étang de Berre. Le département des Bouches du Rhône totalise un cumul agrégé de 127 mm contre 35 normalement (rapport à la normale de 350 %), 169 mm contre 55 pour le Var, 126 mm contre 49 pour le Vaucluse, 151 mm contre 64 pour le Gard, et enfin 133 mm au lieu de 70 pour l'Hérault. C'est le 2ème mois de mars le plus arrosé depuis le début des mesures en 1959 sur les Bouches-du-Rhône, derrière mars 2024. C'est le 4ème mois de mars le plus arrosé sur le Var, derrière mars 2024, 1960 et 2013. Les départements alpins affichent également des cumuls agrégés conséquents, allant de 100 mm pour les Hautes Alpes, à près de 175 mm pour les Alpes Maritimes. Les départements du Roussillon ont enfin bénéficié de précipitations régulières, avec 6 à 10 jours de pluie de plus que la normale, et des cumuls agrégés de 95 mm sur l'Aude et 143 mm pour les Pyrénées orientales.

Précipitations Mars 2025

Pluviométrie depuis septembre 2024

Depuis septembre 2024, le cumul de précipitations agrégées sur le nord du bassin est de 781,8 mm, soit 109 % de la normale. C'est le 20ème cumul le plus élevé depuis 1959. Les cumuls sont excédentaires de 10 à plus de 60 % sur le sud de la Loire et du Rhône, ainsi qu'en Ardèche, à l'exception de la vallée du Rhône, Sur les Alpes, les cumuls sont excédentaires de 10 à 30 %. Partout ailleurs sur le nord du bassin, les cumuls sont autour des normales, atteignant 90 à 110 % de la normale en général.

Depuis septembre 2024, les cumuls sont nettement excédentaires sur les Cévennes Gardoises, et excédentaires sur la Lozère, sur la moitié sud des Bouches du Rhône, sur le centre Var, et les Préalpes de Grasse, ainsi que sur la majeure partie des départements alpins. En revanche, les cumuls sont légèrement déficitaires sur l'ouest de l'Hérault, le Lubéron et la côte Vermeille, et très nettement déficitaires dans l'Aude, notamment de Carcassonne à Narbonne et dans le Minervois. Ils sont proches de la norme partout ailleurs sur le sud du bassin.

Rapport à la normale précipitations de Septembre à Mars 2025

Précipitations efficaces

Avec 43.3 mm de pluies efficaces mensuelles agrégées sur le nord du bassin, contre une normale de 48.2 mm, c'est le 27ème cumul le plus faible depuis 1959. Les cumuls sont tout de même excédentaires sur le sud de la Loire et du Rhône ainsi que sur l'Ardèche, et de la Drôme au Champsaur, à l'exception du Vercors. Les cumuls représentent 200 à 500 % de la normale en Ardèche, avec jusqu'à 300 mm sur les Cévennes, et dans la Drôme, des Baronnies à la vallée du Rhône. Le cumul est déficitaire de 10 à 50 % sur le Dijonnais, l'Isère et du Vercors drômois au nord Isère, et de 50 à 75 % en Bourgogne hors Dijonnais, en Franche Comté et sur les Savoies.

Les précipitations efficaces du mois de mars 2025 sont de 0 à 25 mm sur la frange littorale du Languedoc-Roussillon et la petite Camargue; de 25 à 50 mm dans la plaine audoise, des Fenouillèdes aux Aspres et des Garrigues à la Camargue ainsi que dans l'Aubrac; de 50 à 125 mm partout ailleurs, hormis dans le massif du Canigou, le Pays de Sault, des Hauts Cantons au Mont Lozère, du Ventoux à Lure, des Maures à la Sainte Baume et des Préalpes au Mercantour ainsi que dans le Champsaur, où l'on atteint 150 à plus de 200 mm, voire localement jusqu'à 300 mm comme dans l'Espinouse ou le Pic Canigou.

Precipitations efficaces mars 2025

Précipitations efficaces depuis septembre 2024

Depuis le 1er septembre 2024, le cumul de précipitations agrégées sur le nord du bassin atteint 589,5 mm, soit 108,4 % de la normale. Les cumuls sont excédentaires jusqu'à 100% sur les Cévennes avec plus de 2000 mm. Ils sont excédentaires de 10 à 50 % sur le reste de l'Ardèche, à l'exception de la vallée du Rhône et sur le sud de la Loire et du Rhône, les Alpes de l'Oisans au Mont Blanc, une partie du Jura et de la Haute-Saône. Ailleurs sur le bassin, les cumuls sont proches de la normale ou légèrement déficitaire. Entre Montélimar et le Tricastin, le déficit atteint 25 %.

Depuis le mois de septembre 2024, les précipitations efficaces sont nettement excédentaires de 50 à 100 % dans les Cévennes Gardoises et l'Est de la Margeride. Elles sont généralement excédentaires de 10 à 50 % sur les départements alpins, un large quart nord-est du Var ainsi que de la petite Camargue au Salonnais. Elles sont légèrement déficitaires de 10 à 25 % sur le Vaucluse et l'enclave des Papes, de l'Espinouse à Palavas-les-Flots et déficitaires du Lauragais à Frontignan, sur la moitié Est de l'Aude ainsi que dans le Conflent et les Albères, voire significativement déficitaires autour de Lézignan-Corbières.

Precipitations efficaces septembre 2024 à mars 2025

Températures et ensoleillement

En mars 2025, les températures moyennes sont 0,7°C au-dessus des normales sur la moitié nord du bassin, malgré un épisode de froid en milieu de mois avec de la neige en plaine. Les températures maximales sont légèrement inférieures aux normales de 1 à 2°C sur les Pyrénées-Orientales et le quart Sud-Est du bassin. Au 1er avril 2025, la barre symbolique des 20°C n'a toujours pas été atteinte depuis le début de l'année dans certaines villes du Languedoc-Roussillon comme Carcassonne dans l'Aude. À Perpignan, Montpellier, Nîmes, Marseille ou encore Nice, cette barre n'a été franchie qu'en toute fin du mois de mars.

Sur le littoral, l'ensoleillement est nettement déficitaire de 20 à 40 %. À Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, on ne dénombre que deux journées très ensoleillées sur le mois de mars 2025.

Ensoleillement du mois de mars 2025

Enneigement

Fin mars 2025, sur les Alpes du Nord, l'enneigement est très déficitaire en-dessous de 2000 m, voire 2500 m en versant sud. Sur les Alpes du Sud, l'enneigement est déficitaire à basse altitude et sur les versants sud jusqu'à 2000 m. L'épaisseur du manteau neigeux est plus conforme à la normale à partir de 2000 m, mais avec de forts contrastes selon l'exposition et les massifs.

Enneigement Alpes du Nord 1er avril 2025
Enneigement Alpes du Sud 1er avril 2025

Mi-mars, quelques chutes de neige se sont produites en plaine sur la Bourgogne. L'enneigement est anecdotique sur les Vosges et le Jura.

Au 1er avril 2025, l'enneigement sur les Pyrénées-Orientales est dans les normales entre 1500 et 2000 m, et l'épaisseur du manteau neigeux atteint 1 m 20 à 2 m au-dessus de 2500 m en versant nord.

Enneigement Pyrénées-Orientales 1er avril 2025

2. Situation des retenues d'eau

Au 1er avril 2025, les retenues de Bourgogne-Franche-Comté conservent des taux de remplissage conformes aux normales de saison.

Les taux de remplissage des retenues des Alpes du Nord restent bas au 1er avril 2025, en perspective du remplissage liés aux précipitations et à la fonte des neiges de printemps.

Au 1er avril 2025, dans les Alpes du Sud, le taux global de remplissage dépasse les 70 %, une augmentation de près de 20 % par rapport au 1er mars.

Le taux de remplissage des retenues de Montpezat est légèrement inférieur à 50 % au 1er avril 2025. Le taux de remplissage des retenues du Chassezac est légèrement inférieur à 70 %. Ces taux sont inférieurs à ceux du 1er avril 2024 et comparables à ceux du 1er avril 2023.

Les retenues cévenoles et de l'arrière-pays languedocien conservent des niveaux conformes aux normales de saison. Les taux de remplissage des retenues multi-usages se sont améliorés en plaine littorale du Roussillon, mais restent en-dessous des normales dans l'arrière-pays.

Canaux VNF

Au niveau national, le taux de remplissage de 92 % des canaux VNF au 1er avril 2025 est stable par rapport au 1er mars, pour un taux moyen habituel de 72 % sur ces 10 dernières années.

Le taux de remplissage du Canal de Bourgogne, versant Saône, est de 100 %. Ce taux était de 99 % au 1er avril 2024 et de 66 % au 1er avril 2023.

Le taux de remplissage du Canal du Midi au 1er avril 2025 est de 84 %, il est stable par rapport au 1er mars. Ce taux était de 66 % au 1er avril 2024 et 2023.

Remplissage retenues fin mars 2025

3. Hydrologie : cours d'eau, hydraulicité, fleuve Rhône

En mars 2025, les débits moyens mensuels des rivières de Franche-Comté et des Alpes du Nord sont majoritairement inférieurs à la normale. La situation est plus contrastée sur l'axe Rhône-Saône, avec des débits proches des normales.

Sur l'Ardèche, les Cévennes, le Languedoc et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, on peut parler d'un mois de mars exceptionnellement humide, avec une hydraulicité forte à très forte, à l'exception des Hautes Alpes.

Les débits des cours d'eau s'améliorent dans le Roussillon, mais la situation reste fragile.

Fleuve Rhône :

L'hydraulicité du mois de mars 2025 est bien en dessous de la moyenne sur l'ensemble du bassin versant du Rhône. Plus particulièrement en amont sur la Saône, avec les stations de Bognes et Perrache qui se positionnent respectivement au 13ème et 12ème rang des débits mensuels moyens de mars les plus bas sur les 104 dernières années.

Coefficient d'hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2025

 

BOGNES

TERNAY

VALENCE

BEAUCAIRE

avril 2020 - mars 2021

1.00

0.89

0.88

0.85

avril 2021 - mars 2022

0.98

0.96

0.93

0.87

avril 2022 - mars 2023

0.87

0.68

0.65

0.61

avril 2023 - mars 2024

1.18

1.08

1.07

1.06

avril 2024 - mars 2025

1.15

1.12

1.11

1.20

Source : Compagnie nationale du Rhône (CNR)

Hydraulicité mensuelle Mars 2025
VCN3 Mars 2025

4. Humidité des sols

Depuis le 1er mars 2025, les sols se sont asséchés sur toute la moitié nord du bassin jusqu'à Lyon. Au 1er avril 2025, les sols restent humides sur le sud du Pilat, des Baronnies au Vercors-Diois, sur les massifs alpins ainsi que le massif du Jura. Sur l'Ardèche, les sols restent particulièrement humides, proches des records pour un 1er avril.

Durant le mois de mars 2025, les sols se sont humidifiés sur toute la moitié sud du bassin, plus particulièrement sur le Languedoc-Roussillon, et dans une moindre mesure sur le Vaucluse et les Bouches du Rhône. Au 1er avril 2025, les sols demeurent secs sur la partie littorale du département de l'Aude, avec une anomalie autour de 20 % en dessous de la normale, ainsi que dans le Conflent et la Côte Vermeille. En revanche, les sols sont particulièrement humides autour de l'Étang de Berre, avec une anomalie de l'ordre de 50 à 60 %, et sur toute la Côte d'Azur.

Humidité des sols Mars 2025

5. Situation des nappes d'eaux souterraines

Au 1er avril 2025, les tendances sont contrastées selon l'inertie des nappes et les cumuls pluviométriques locaux. L'état des nappes inertielles du bassin s'améliore très progressivement depuis l'automne 2023.

Les déficits pluviométriques de février et de mars 2025 impactent les nappes du nord du bassin, et le début de la période de vidange se généralise. Localement, des niveaux peuvent atteindre des niveaux bas, notamment sur les nappes des calcaires jurassiques du Jura. Les nappes du couloir de la Saône demeurent modérément basses depuis l'été 2024, du fait de leur inertie très importante, mais les situations locales peuvent être hétérogènes, avec des niveaux bas à hauts. Sur les nappes inertielles du couloir du Rhône, la situation se dégrade de l'amont vers l'aval, conséquence de l'hétérogénéité des pluies durant la période de recharge. Les niveaux sont modérément hauts sur l'Avant-Pays savoyard et l'Est Lyonnais mais sont proches des normales sur le Nord-Isère. Les nappes du Bas-Dauphiné affichent des situations généralement proches des moyennes mais elles sont localement moins satisfaisantes, de modérément bas à bas, dans la Drôme des collines.

Les nappes de la bordure cévenole, de la Provence et du pourtour méditerranéen bénéficient de plusieurs épisodes de recharge depuis début février 2025. Les sols humides favorisent l'infiltration des pluies, mais la reprise de la végétation limite l'infiltration des eaux en profondeur. Les niveaux sont toutefois en hausse en mars, compte tenu des cumuls pluviométriques mensuels très importants. Ces recharges permettent de résorber les déficits accumulés durant la fin de l'automne et le début d'hiver 2024-2025. Les niveaux sont proches des normales à modérément hauts sur les nappes de la Côte d'Azur, de la Provence, de la bordure cévenole, de la Vistrenque et des vallées de l'Hérault et de l'Orb.

Quelques situations locales restent fragiles sur l'aval de la vallée de l'Aude et sur la nappe de l'Astien de Valras -Agde. Les situations s'améliorent sensiblement sur les nappes réactives des Corbières et des alluvions du Roussillon, mais de nombreux secteurs demeurent bas à très bas. La nappe du Pliocène, moins réactive aux conditions météorologiques, ne présente pas d'amélioration significative et reste à des niveaux très inquiétants.

Nappes Mars 2025

6. Mesures d'anticipation et de restriction des usages de l'eau

Au 1er avril 2025, 5 départements du bassin Rhône-Méditerranée sur 27 ont des secteurs en vigilance ou sont concernés par des mesures de restriction de l'usage de l'eau, principalement dans le Roussillon.

Restrictions 1er avril 2025
Publié le 05/05/2025