Avril 2025 : Un printemps plutôt humide se confirme sur le bassin

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Les précipitations de ce mois d'avril 2025 se sont concentrées sur la région Rhône-Alpes, les Cévennes et les Alpes du Sud, avec des cumuls importants et des chutes de neige à basse altitude dans les vallées alpines en milieu de mois. Les sols restent plus humides que la normale sur la vallée du Rhône et le littoral. Dans le Roussillon, l'amélioration de mars aura été de courte durée, le déficit pluviométrique se creuse et les sols s'assèchent. Au 1er mai 2025, l'enneigement est globalement déficitaire sur les Alpes du Nord et dans les normales basses sur les Alpes du Sud.

 

Les taux de remplissage des retenues alpines sont à la hausse au 1er mai 2025, grâce à la fonte des neiges et aux précipitations printanières. Sur le reste du bassin, à l'exception de Montpezat, le remplissage des retenues est globalement dans les normales de saison. Pour les retenues multi-usages du Roussillon, les niveaux sont désormais supérieurs à ceux de ces trois dernières années.

 

Fin avril 2025, les débits des cours d'eau du nord du bassin reflètent le déficit de précipitations, avec une tendance à la baisse sur la Franche-Comté et l'axe Saône. Dans la vallée du Rhône, les valeurs d'hydraulicité sont moyennes à très fortes. Dans les Alpes du Nord, les débits sont à la baisse mais proches des normales. Sur l'Ardèche, les Cévennes, le Languedoc et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, les débits restent globalement proches des normales à forts. La situation se dégrade dans le Roussillon, sans atteindre toutefois les débits inquiétants des 3 dernières années.

 

Au mois d'avril 2025, la vidange commence sur les nappes du nord du bassin, avec des niveaux modérément bas à proches des normales. Les niveaux sont satisfaisants en Rhône-Alpes. Les précipitations ont de nouveau permis d'engendrer des épisodes de recharge sur les nappes réactives de la moitié sud du bassin, malgré une végétation active. L'état des nappes du pourtour méditerranéen, de la Provence et des vallées du sud des Alpes s'améliore sur les secteurs arrosés, ou reste stable à des niveaux modérément hauts à hauts. Malgré une amélioration sensible des situations locales, les précipitations de ces derniers mois sur le Roussillon sont insuffisantes pour combler les déficits.

1. Point météorologique : précipitations, températures, neige

Pluviométrie mensuelle

Avec un cumul de précipitations agrégées de 106,1 mm sur le nord du bassin, soit 117 % de la normale, le mois d'avril 2025 se place au 21ème rang des cumuls les plus élevés depuis 1959. Les cumuls sont cependant très contrastés. En milieu de mois, plusieurs épisodes de précipitations très marqués génèrent des cumuls élevés de l'Ardèche à la Savoie, avec des chutes de neige record en Haute-Maurienne et en Haute-Tarentaise, jusqu'à 1m10 en 24h. Sur le mois, l'excédent de précipitations est de 25 à 50 % sur la Saône aval et le nord de l'Isère. L'excédent dépasse les 50 % de la pointe sud de l'Ardèche à la Savoie, jusqu'à plus de 300 % sur les massifs frontaliers. Le déficit est de 10 à 25 % de la pointe nord du bassin à la Haute-Savoie et sur la vallée du Rhône en dessous de Valence, et de 30 à 50 % sur le nord du Doubs et le Territoire de Belfort.

Les cumuls de ce mois d'avril 2025 sur le sud du bassin sont assez disparates selon les régions. Les précipitations sont déficitaires sur la vallée du Rhône, l'Aude et les Pyrénées-Orientales, avec un écart à la normale au-delà de 50 % sur l'ouest des Bouches-du-Rhône, l'est du Gard et les plaines du Roussillon. Les précipitations sont excédentaires dans les Cévennes, et du Vaucluse jusqu'aux Alpes, en raison de plusieurs passages pluvio-orageux. Les cumuls dans le Var et l'Hérault sont proches de la normale. Les départements alpins affichent des cumuls allant de 129 mm dans les Alpes-Maritimes, soit un excédent de 29 %, à 137 mm pour les Hautes-Alpes, soit un excédent de 57 %.

Pluviométrie depuis septembre 2024

Depuis septembre 2024, le cumul de précipitations agrégées sur le nord du bassin est de 888 mm, soit un excédent de 10 %. C'est le 15ème total le plus élevé depuis 1959. Les cumuls sont proches des normales sur la quasi-totalité du nord du bassin. L'excédent dépasse en revanche les 25 % sur la pointe Est de la Savoie, les Monts du Pilat et le relief Ardéchois.

Sur le sud du bassin, les cumuls depuis septembre 2024 sont proches de la normale sur la vallée du Rhône, le Vaucluse et le littoral Varois. Les cumuls sont déficitaires de l'ouest de l'Hérault jusqu'aux Pyrénées, avec un déficit plus marqué sur les plaines audoises. En revanche, les cumuls sont excédentaires sur les Cévennes, les départements alpins et le nord du Var.

Précipitations efficaces

Avec 46,8 mm de pluies efficaces agrégées sur le nord du bassin pour le mois d'avril 2025, pour une normale de 37,6 mm, c'est le 27ème cumul le plus élevé de ce mois depuis 1959. Le nord de la Franche-Comté, la Bourgogne, ainsi que la vallée du Rhône en-dessous de Valence sont nettement déficitaires. La Saône aval, le massif du Jura et les Alpes du Nord sont excédentaires. Les cumuls sur l'Ardèche et les Alpes frontalières dépassent de 2 fois la normale.

Les précipitations efficaces vont de 75 mm à plus de 150 mm dans les Cévennes et les Alpes du Sud jusqu'au nord-est du Vaucluse. Les cumuls maximaux sont observés en Lozère, dans le Mercantour et dans les massifs des Hautes-Alpes. Les précipitations efficaces sont en revanche négatives en basse vallée du Rhône, sur le Roussillon et le littoral, à l'exception des Alpes-Maritimes.

Précipitations efficaces depuis septembre 2024

Depuis le mois de septembre 2024, le cumul de précipitations efficaces agrégées sur le nord du bassin est de 636 mm, soit 109,3 % de la normale. Les cumuls sont déficitaires sur le nord-ouest du bassin, le sud du Jura, le Beaujolais et la moyenne vallée du Rhône. Les cumuls sont légèrement excédentaires sur la Saône amont, le Lyonnais et les Alpes, et nettement excédentaires sur l'est de la Savoie et sur l'Ardèche, où le surplus dépasse les 50 % sur les plateaux.

Depuis septembre 2024, les précipitations efficaces sont excédentaires de 10 à plus de 50 % sur les Cévennes, une large partie du Var et sur les Alpes. Elles sont légèrement déficitaires sur le sud du Vaucluse. Les précipitations efficaces sont nettement déficitaires sur le littoral et l'ouest de l'Hérault, ainsi que dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales. Le déficit atteint 50 % à 75 % entre le littoral audois et Carcassonne.

Températures et ensoleillement

En avril 2025, les températures moyennes mensuelles sont supérieures aux normales de 1 à 3 °C sur le bassin. L'ensoleillement est conforme à la saison sur le nord du bassin, mais déficitaire sur la moitié sud, jusqu'à plus de 10 % sur la Provence.

Ensoleillement avril 2025

Enneigement

Au 1er mai 2025, il n'y a pratiquement plus de neige à 1500 m dans les Alpes, y compris sur les versants Nord. À 2400 m, l'enneigement est déficitaire sur les Alpes du Nord, notamment sur les massifs de la Maurienne et de la Tarentaise. L'équivalent en eau du manteau neigeux se maintient entre les records bas et le 2e décile sur le mois d'avril.

Sur les Alpes du Sud, l'enneigement est globalement excédentaire à 2400 m, notamment sur les massifs du Dévoluy et du Mercantour. L'équivalent en eau du manteau neigeux est resté entre le 2e décile et la médiane sur le mois d'avril.

Un épisode neigeux remarquable a eu lieu les 16 et 17 avril sur le nord des Alpes, donnant par endroits des hauteurs de neige exceptionnelles pour la saison, notamment en Savoie avec 38 cm à Bourg-Saint-Maurice (alt. 865 m) et 155 cm à Tignes (alt. 2084 m).

Après un pic légèrement au-dessus des normales au 1er avril 2025, l'enneigement sur les Pyrénées-Orientales est désormais quasi nul.

2. Situation des retenues d'eau

Au 1er mai 2025, les retenues de Bourgogne-Franche-Comté conservent des taux de remplissage conformes aux normales de saison.

Les retenues des Alpes bénéficient des précipitations et de la fonte des neiges. Le taux de remplissage global sur les Alpes du Nord est de plus de 30 % au 1er mai 2025, dans les normales. Dans les Alpes du Sud, le taux global de remplissage dépasse désormais les 80 %, soit 10 à 20 % de plus que les années précédentes à la même date.

Le taux de remplissage des retenues de Montpezat reste inférieur à 50% au 1er mai 2025. Le taux de remplissage des retenues du Chassezac est légèrement inférieur à 70 %. Les taux de ces retenues sont inférieurs à ceux du 1er mai 2024.

Les retenues cévenoles et de l'arrière-pays languedocien conservent des niveaux conformes aux normales de saison. Les taux de remplissage des retenues multi-usages du Roussillon continuent d'augmenter, avec des niveaux désormais supérieurs à ceux de ces trois dernières années.

 

Canaux VNF:

Au niveau national, le taux de remplissage de 87 % des canaux VNF au 1er mai 2025 diminue légèrement par rapport au 1er avril, pour un taux moyen habituel de 68 % sur ces 10 dernières années.

Le taux de remplissage du Canal de Bourgogne, versant Saône, diminue légèrement pour atteindre 90 %.Ce taux était de 99 % au 1er mai 2024 et de 73 % au 1er mai 2023.

Le taux de remplissage du Canal du Midi au 1er mai 2025 est de 90 %,il augmente légèrement par rapport au 1er avril. Ce taux était de 73 % au 1er mai 2024.

3. Hydrologie : cours d'eau, hydraulicité, fleuve Rhône

En avril 2025, les débits moyens mensuels des rivières de Franche-Comté sont majoritairement inférieurs à la normale. La situation se dégrade aussi sur l'axe Saône, avec des débits inférieurs aux normales. On observe une hausse des débits dans l'Ain et la Drôme. Dans la vallée du Rhône, les valeurs d'hydraulicité sont moyennes à très fortes.

Les valeurs d'hydraulicité sont inférieures ou proches des normales sur les Alpes du Nord et de moyennes à fortes, selon les vallées, dans les Alpes du Sud jusqu'au littoral. Sur l'Ardèche, les Cévennes, le Languedoc et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, l'hydraulicité baisse légèrement mais reste globalement proche des normales.

La situation se dégrade dans le Roussillon, sans atteindre toutefois les débits inquiétants des 3 dernières années à la fin avril.

 

Fleuve Rhône :

L'hydraulicité du mois d'avril 2025 est largement en dessous de la moyenne sur l'ensemble du bassin versant du Rhône. Plus particulièrement pour les stations de Bognes, Ternay et Valence, avec un coefficient d'hydraulicité compris entre 0.58 et 0.70.

Coefficient d'hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2025

 

BOGNES

TERNAY

VALENCE

BEAUCAIRE

mai 2020 - avril 2021

0.99

0.89

0.87

0.84

mai 2021 - avril 2022

1.00

0.99

0.96

0.89

mai 2022 - avril 2023

0.87

0.69

0.65

0.61

mai 2023 - avril 2024

1.18

1.11

1.11

1.13

mai 2024 - avril 2025

1.13

1.07

1.07

1.15

Source: Compagnie nationale du Rhône (CNR)

4. Humidité des sols

Sur la moitié nord du bassin, l'indice d'humidité des sols reste stable ou augmente légèrement durant ce mois d'avril 2025. Seul le Territoire de Belfort voit son indice baisser. L'humidité des sols au 1er mai 2025 est globalement dans les normales sur une bonne partie du bassin, avec de légers déficits sur le nord de la Franche-Comté, la partie sud des Savoies et le Pays de Gex. Les sols sont plus humides que la normale de Lyon à la pointe sud de la Drôme, avec un excédent dépassant les 20 % en Ardèche.

Durant ce mois d'avril 2025, les sols s'assèchent sur quasiment toute la moitié sud du bassin, à l'exception des reliefs alpins. Au 1er mai 2025, les sols restent tout de même plutôt humides, avec des excédents allant de 10 à 30 %, en PACA, dans le Gard et sur le nord de l'Hérault. Les sols deviennent secs sur le Roussillon et le littoral du Languedoc. L'écart à la normale se creuse, avec un déficit d'humidité de 20 à 40 %.

 

5. Situation des nappes d'eaux souterraines

Au 1er mai 2025, les tendances sont contrastées sur les nappes du bassin, en fonction de leur réactivité, des cumuls pluviométriques locaux et de la reprise des prélèvements. La vidange commence plus tôt que l'année dernière sur les nappes du nord du bassin. Ces nappes réactives sont impactées par les pluies déficitaires de ces trois derniers mois. L'état des nappes est peu satisfaisant pour cette période de l'année, avec des niveaux modérément bas à proches des normales mensuelles.

Les nappes du couloir de la Saône demeurent modérément basses et comparables aux normales depuis l'été 2024, du fait de leur inertie très importante. Les situations locales peuvent être hétérogènes, avec des niveaux bas à hauts.

Concernant les nappes inertielles du couloir du Rhône, la situation est meilleure en amont et se dégrade vers l'aval, la recharge hivernale de ces deux dernières années ayant été plus abondante sur la partie nord. Les niveaux sont satisfaisants, modérément hauts, sur l'Avant-Pays savoyard et l'Est Lyonnais. Ils deviennent proches des normales sur le Nord-Isère et le Bas-Dauphiné. La situation de la nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné s'est améliorée puisqu'aucun niveau bas n'est observé.

Les pluies d'avril 2025, après celles de février et mars, ont de nouveau permis d'engendrer des épisodes de recharge sur les nappes réactives de la moitié sud du bassin, malgré une reprise active de la végétation. L'état des nappes du pourtour méditerranéen, de la Provence et des vallées du sud des Alpes s'améliore sur les secteurs arrosés, ou reste stable entre mars et avril. Les niveaux sont satisfaisants, de modérément hauts à hauts.

La situation est moins favorable, avec des niveaux proches des normales, pour la nappe de la vallée de l'Aude. Enfin, les niveaux restent bas à très bas sur les nappes du massif des Corbières et de la plaine du Roussillon. Les précipitations de ces derniers mois, notamment de mars, ont pourtant permis une amélioration sensible des situations locales, mais elles restent très insuffisantes pour combler les déficits. La nappe du Pliocène, moins réactive aux conditions météorologiques, reste à des niveaux très inquiétants.

6. Mesures d'anticipation et de restriction des usages de l'eau

Au 1er mai 2025, 6 départements du bassin Rhône-Méditerranée sur 27 ont des secteurs en vigilance ou sont concernés par des mesures de restriction de l'usage de l'eau.

Restrictions eaux superficielles

Restrictions eaux souterraines

 

 

Publié le 26/05/2025