La situation des précipitations cumulées est globalement déficitaire sur l'ensemble de la période de recharge 2021-2022 et cette fin de printemps est particulièrement sèche. Le déficit de précipitation déjà prononcé se renforce à la mi-juin.
Ceci ajouté à la fonte des neiges précoce et de moindre volume résulte une faible hydraulicité des cours d'eau de l'ensemble du bassin ainsi que de la plupart des nappes.
Les précipitations prévisionnelles d'ici au 19 juin s'annoncent nulles, suivies de quelques jours avec des averses et des orages localisés. Elles atteignent uniquement les sols superficiels nettement asséchés particulièrement en région Franche-Comté, PACA et sur l'axe Rhodanien. La zone la moins impactée par l'assèchement des sols sur le bassin est le versant méditerranéen de l'Occitanie.
L'essentiel des retenues affiche un taux de remplissage moyen à bon par des mesures de gestion prudente des gestionnaires.
Une gestion prudente des ressources en eau des différents usagers du bassin a dès lors été instaurée puisque déjà une vingtaine de préfets ont mis en place des restrictions d'usage sur l'ensemble du bassin. Les semaines à venir s'annonçant encore très chaudes et sèches, l'attention devra être renforcée par tous les usagers. En PACA, le stock de neige alpin est quasiment épuisé et l'atteinte des côtes touristiques risque de ne pas être possible au 1er juillet pour les lacs de Castillon, Sainte-Croix et Serre-Ponçon.
Sommaire
1. Pluviométrie
Un temps estival anormalement chaud, sec et très ensoleillé s'est installé sur la France durant le mois de mai. Malgré quelques épisodes orageux localement violents, notamment les 15 et 22 mai, les pluies ont été rares et peu abondantes.
Les cumuls de pluie, généralement inférieurs à 40 mm, ont été déficitaires de 40 à 80 % sur la majeure partie du bassin. Le déficite a même souvent dépassé 80 % de l'Occitanie à la vallée du Rhône. Les déficits sont toutefois moins marqués sur le Languedoc et le Roussillon.
Ce mois de mai se classe également au 1er rang des mois de mai les plus chauds depuis le début du XXè siècle avec une température moyenne de 17,8 °C, soit 2,7 °C au-dessus de la normale. De très nombreux recors de chaleur et de douceur nocturne ont été battus les 28 et 29 mai sur la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Les sols superficiels se sont nettement asséchés en particulier en région PACA, sur l'axe Rhodanien et en Franche-Comté. Là encore, la zone la moins impactée par l'assèchement des sols est le versant méditerranéen de l'Occitanie.
Au 17 juin, vingt départements ont mis en œuvre des mesures d'anticipation des limitations des usages de l'eau par la révision des des arrêtés cadres interdépartementaux (ACi) et départementaux (ACd) :
- 6 ACi sur 7 ont été signés à ce jour (tous à l'exception de la Siagne) ;
- 14 ACd sont signés sur les 27 départements du bassin Rhône-Méditerranée (01, 07, 11, 13, 21, 25, 26, 38, 39, 69, 73, 74, 84, 90). La consultation du public est terminée pour la plupart et pour au moins 5 départements, la signature des arrêtés cadre est prévue d'ici fin juin (04, 06, 70, 71, 83).
Les prévisions saisonnières de Météo-France pour les mois mai-juin-juillet 2022 privilégient un scénario avec une température moyenne supérieure aux normales et pour les précipitations, des conditions plus sèches que la normale.
Cumul des précipitations efficaces (Mai 2022) |
Rapport à la normale 1981/2010 du cumul de précipitations |
Massif Alpin | Est des Pyrénées |
2. Débits des cours d'eau
Le déficit de précipitations enregistré ces derniers mois se renforçant en mai, la chute des écoulements, qui était déjà globalement déficitaires, s'accélère sur l'ensemble du bassin. La région PACA est particulièrement impactée ainsi que l'axe Rhône-Saône. Ajouté à ces précipitations rares, la fonte des neiges précoce sur les massifs des Alpes et des Pyrénées, limite dès cette fin mai les écoulements au seul apport par précipitation accentuant la chute des débits des cours d'eau de régime nival.
3. Niveaux des nappes souterraines
La période de recharge 2021-2022 a été courte et peu active sur l'ensemble des nappes. La phase de vidange des nappes progressivement mise en place depuis février 2022 suite à des pluies efficaces déficitaires s'accélère sur une majorité de nappes réactives excepté celles du versant méditerranéen de l'Occitanie. Ces dernières ont bénéficié de récentes précipitations efficaces significatives et enregistrent des niveaux en hausse. Au cours du mois de mars, les tendances des nappes inertielles s'inversent avec des niveaux généralement en baisse. La recharge reste cependant active mais très ralentie sur les nappes les plus inertielles du couloir Rhône-Saône. Les nappes de Provence et de la Côte d'Azur sont en baisse ou stables. La fonte précoce du manteau neigeux ou des précipitations localisées ont permis d'engendrer de petites recharges.
4. Remplissage des retenues d'eau
Au 1er juin, la situation de remplissage des retenues reste satisfaisante et comparable au mois précédent, malgré le déficit de pluviométrie. Les valeurs de remplissage sont en majorité supérieures à 60 % avec cependant des objectifs de gestion localement difficiles à maintenir notamment pour les lacs de Castillon, Sainte-Croix et Serre-Ponçon.
5. Humidité des sols
Les sols de haute et moyenne altitude des reliefs des Vosges, du Jura, des Alpes du nord bénéficient d'un bon indice d'humidité. Les sols sur le delta du Rhône, la région PACA, le couloir Rhône-Saône jusqu'à Mâcon sont secs, voire très secs.
6. Situation des milieux aquatiques et de leurs habitats
Des assecs précoces ont été observés sur les têtes de certains sous-bassins notamment en PACA, Franche-Comté, dans le département du Gard (avec 20 % des rivières étudiées en assec au 13/06/2022) et sur l'axe rhodanien lors des dernières campagnes de l'observatoire nationale des étiages (ONDE). En l'absence de précipitations sous quinzaine, de nombreuses autres stations pourraient se retrouver en assec avec un impact négatif sur certaines populations aquatiques et leurs habitats.
7. Limitations des usages au 17 juin 2022
Au 17 juin, face à la situation hydrologique constatée et aux prévision de plume de chaleur annoncées par Météo-France, vingt préfets de département de la partie sud du bassin ont été amenés à prendre les premières mesures de restriction suite à la tenue des comités des ressources en eaux (CRE) dans les département correspondants. On note aussi l'apparition des premières restrictions coordonnées/interdépartementales en alerte renforcée sur la Galaure-Drôme des Collines (26-38), et Lez provençal (26, 84) en alerte sur Buech-Méouge (05,26) et Allan (90, 25) et vigilance sur l'axe Saône (21, 01, 69, 70, 71, 88), le système aquifère de l'est Lyonnais (69, 38) et le sous-bassin Bièvre-Liers-Valloire (38,26).
Eaux superficielles :
- 19 départements ont pris des mesures de limitation des usages : 01, 04, 05, 06, 07, 13, 21, 26, 30, 38, 42, 48, 66, 69, 71, 73, 74, 88, 84
- Vigilance exclusivement pour un département : 48
- Alerte pour 17 départements : 04, 05, 06, 07, 13, 21, 26, 30, 38, 42, 69, 71, 73, 74, 83, 84, 90
- Alerte renforcée pour 5 départements : 07, 21, 26, 69, 84
- Crise sur les bassins versants du Réal de Jouques et de l'Huveaunne (13, 83).
Eaux souterraines :
- Vigilance sur 7 départements : 01, 04, 07, 13, 30, 69, 73
- Alerte sur 6 départements : 01, 30, 38, 66, 73, 90
- Alerte renforcée sur 1 département : 01 (Dombes sud)
Attention : des différences peuvent apparaître entre le texte et les cartes extraites de Propluvia à date qui sont actualisées dans un 2nd temps entre les services de l'Etat département/région/bassin
Site PROPLUVIA, les restrictions d'eau
Restrictions spécifiques aux eaux superficielles au 17/06/2022 | Restrictions spécifiques aux eaux souterraines au 17/06/2022 |
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