Septembre 2022 : Le retour des précipitations modérées oblige au maintien de la sobriété des usages de l'eau

Le mois de septembre voit le retour des précipitations, qui bien que modérées, ont été régulières. Le cumul de précipitations est revenu à la normale sur l'ensemble du bassin avec de fortes disparités entre le nord-est du bassin qui présente un excédent de 20 % et le quart sud-est, qui subit un déficit de 20 %.

Suite aux précipitations de septembre, la chute des débits des cours d'eau a été marquée par une rupture des débits observés les mois précédents et une hydraulicité qui s'améliore. Toutefois certains cours d'eau de la région Auvergne-Rhône-Alpes (départements 01, 26 et 38) et de la bordure méditerranéenne (départements 06, 13, 83) ont besoin de précipitations plus soutenues pour marquer une amélioration durable de leur hydraulicité. Les retenues du Sud du bassin ont un taux de remplissage en dessous de 60 %, dont la retenue de Serre-Ponçon est la plus importante du bassin en termes de volume stocké.

Bien que les aquifères réactifs commencent à réagir aux précipitation de septembre et que leur niveau suive une tendance stable, voire haussière, la situation reste préoccupante face aux niveaux bas, voire très bas sur le Bas-Dauphiné, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et le couloir rhodanien.

La situation des retenue est elle aussi préoccupante : l'ensemble des retenues du bassin présentent des niveaux bas à moyens, inférieurs à la normale. Comme pour les nappes souterraines, leurs niveaux suivent néanmoins des tendances stables ou haussières du fait des précipitations de septembre et d'une gestion prudente de la part des gestionnaires. 

La situation hydrologique à fin septembre 2022 des petits cours d'eau de tête de bassin est similaire à celle de 2019 à la même période, mais reste plus critique que celles de 2017 et de 2020 (années sèches), avec 1,3 fois plus d'assecs et de ruptures d'écoulement observés. La qualité des milieux est toutefois en cours d'amélioration grâce aux précipitations de septembre.

Les prévisions météorologiques indiquent que pour la quinzaine à venir les températures devraient être supérieures aux normales de saison et de possibles passages pluvieux pourraient avoir lieu.

L'intensité des pluies à venir étant difficilement prévisibles, la recharge des aquifères souterrains et des retenues y étant très dépendante, il convient donc de conserver une gestion prudente des ressources en eau pour anticiper la saison hivernale à venir. En effet, de possibles impacts pourraient se faire sentir sur l'approvisionnement en eau et les secteurs économiques (industrie et production d'énergie).

1. Pluviométrie

En septembre, les températures sont restées supérieures aux valeurs de saison et le cumul de précipitations est revenu à la normale avec de fortes disparités entre l'amont du bassin qui présente un excédent de 20 % et l'aval du bassin qui présente un déficit de 20 %. Les régions allant du Doubs aux Alpes du Nord, le sud-Drôme, le Mercantour, le Gard et la région de Montpellier dans l'Hérault ont reçu des cumuls qui atteignent par endroit 150 à 200 mm, soit un rapport à la normale de 200 à 300 %. Les régions du nord-ouest de la Drôme, de l'est des Hautes-Alpes ont reçues des cumuls déficitaires, localement de 50 à 75 % par rapport à la normale.

Les prévisions météorologiques pour la quinzaine à venir indiquent que des températures au-dessus des normales de saison sur l'ensemble du bassin et en particulier sur le pourtour méditerranéen. Météo-France indique qu'aucun scénario précis ne se dégage et que des possible passage pluvieux pourrait avoir lieu.

Cumul de précipitations efficaces
(Septembre 2022)

Comparaison des cumuls de précipitation efficaces
(du 01/09/2021 au 01/09/2022)

Rapport à la normale 1981-2010 du cumul des précipitations efficaces de septembre 2021 à Août 2022

 

2. Débits des cours d'eau

Sur le mois de septembre l'hydrologie des eaux de surface marque un ralentissement dans la chute des débits suite aux précipitations globalement moyennes mais régulières depuis lors sur l'ensemble du bassin. Dès la mi-septembre, un tendance à l'amélioration des débits, plus visible sur le nord du bassin, se met en place. Elle reste cependant fragile et dépendante des précipitations à venir, notamment sur certains cours d'eau des régions Auvergne-Rhône-Alpes (départements 01, 26 et 38) et du sud PACA (départements 06, 13, 83) qui ont toujours des débits faibles et qui mettront du temps à retrouver des valeurs normales sur les parties aval. 

Au 1er octobre, la majorité des cours d'eau du bassin enregistre une hydraulicité basse inférieure, voire très inférieure à l'hydraulicité moyenne, avec une moyenne des débits mensuels est comprise entre 0,3 et 0,6 par rapport à la normale (hydraulicité), descendant même jusqu'à 0,1 par rapport à la moyenne sur certains cours d'eau du sud PACA. Certains secteurs très localisés du Jura, de la région montpelliéraine et de la Lozère enregistrent cependant une hydraulicité supérieure à la moyenne à la faveur de précipitations plus abondantes sur ces secteurs ces dernières semaines.

A part exception, les plus basses eaux sont qualifiées de « sèche » à « très sèche ». Certains cours d'eau sont encore en assec en ce début de mois d'octobre et les périodes de retour sont particulièrement élevées (autour de 10 ans voire au-delà de la quinquennale) sur les bassins versants du Doubs (25), de l'Ain (01), de l'Ardèche (07), de la Durance amont (05), de l'Ubaye (04), du Verdon (04), de l'Huveaune (13, 83), de l'Argens (83) et du fleuve Var (06, 83).

Sur le Rhône, l'hydraulicité du mois de septembre 2022 se situe très au-dessous de la moyenne pour les stations de Ternay, Valence et Beaucaire. L'hydraulicité est particulièrement faible à l'aval de Lyon et jusqu'à la mer avec un coefficient d'hydraulicité de seulement 0,51 à Beaucaire.

3. Niveaux des nappes souterraines

En septembre, la vidange des nappes se poursuit sur la première moitié du mois puis la tendance baissière est enrayée sur la majorité des secteurs. Ainsi, les nappes les plus réactives commencent à réagir aux précipitations moyennes mais régulières du mois de septembre notamment sur la partie nord du bassin en Bourgogne-Franche-Comté et en Occitanie. Les nappes restent cependant à des niveaux bas, à très bas et leur recharge à moyen terme va être dépendante exclusivement des précipitations de l'automne à venir stratégique pour assurer leur recharge.

4. Remplissage des retenues d'eau

Au 1er octobre, les niveaux des retenues dans le bassin restent bas à moyen et toujours inférieurs à la normale, mais ils sont sur des tendances stables ou haussières. Ainsi, le lac de Saint-Point sur le Doubs présente depuis fin septembre un niveau de remplissage maximum et les retenues du Nord des Alpes sur l'Isère, le Drac et l'Arve présentent des niveaux de remplissage supérieurs à la moyenne quinquennale.

Dans le sud du bassin, l'ensemble des retenues à un niveau bas, voire très bas et inférieur au décennal sec (ex : Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes à 59 %, Sainte-Croix dans les Alpes-de-Haute-Provence à 37 %, les retenues du Gard sont inférieures à 50 %) mais stables du fait d'une gestion prudente des gestionnaires. Au 12 octobre, l'ensemble des retenues fournit le débit réservé pour le maintien à l'étiage des milieux. Les niveaux faibles à moyens des retenues sont très soumis au régime des précipitations, il convient de rester sur un modèle de gestion prudente afin de conserver un potentiel de production hydroélectrique pour la période hivernale.

5. Humidité des sols

Sur le mois de septembre, l'indice d'humidité des sols du bassin remonte sur une grande partie du bassin à la faveur des pluies moyennes mais régulières. Même en-dessous de la normale, la situation s'est sensiblement améliorée et est moins sévère que le mois dernière.

Au 1er octobre, le déficit d'indice d'humidité des sols se situe entre -10 et - 40 %. Localement, le déficit atteint -50 % à -70 % en Drôme/Ardèche, dans les Pyrénées-Orientales, l'Aude, les Bouches-du-Rhône, le Var et la moitié sud du Vaucluse. Cependant des Alpes jusqu'au Doubs, sur l'ouest de la Bourgogne et sur le secteur montpelliérain cet indice est passé au-dessus de la normale de 10 % à 20 % et jusqu'à 30 à 40 % très ponctuellement en Côte-d'Or.

6. Situation des milieux aquatique de leurs habitats

Avec les pluies du mois de septembre, la plupart des stations hydrométriques sur les cours d'eau de la partie nord du bassin ont repris un débit supérieur au dixième du module.

Après 8 mois exceptionnellement secs, le mois de septembre a été modérément arrosé mais ces précipitations s'avèrent insuffisantes pour retrouver un niveau normal des écoulements en particulier sur les petits cours d'eau et têtes de bassins versants. Ces perturbations ont cependant réussi à stopper la baisse des débits dans les cours d'eau et permis une amélioration dans le courant du mois de septembre.

Les écoulements témoignent, malgré les épisodes pluvio-orageux au cours du mois, du maintien d'une situation délicate même si l'impact de l'épisode de sécheresse estivale est en cours de diminutions : 24 % des points d'observations sont encore en assec à l'échelle du bassin, contre 36 % fin août.

Si la situation s'est globalement améliorée avec 69 % de cours d'eau observés en écoulement visible, les écoulements demeurent fragiles pour de nombreux cours d'eau en particulier sur les départements de l'Ain qui enregistre un indice historiquement bas (3,9) au 4ème rang national des indices les plus bas. Les départements de l'Aude, l'Isère, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes, le Var, le Jura, la Drôme, le Gard, la Côte-d'Or ont des indices ONDE allant de 5,49 à 8 sur 10, et témoignant d'une dégradation des milieux qui peine à revenir à la normale. Ces départements effectueront une campagne d'observations fin octobre comme préconisé par le protocole ONDE de l'OFB.

Sur le fleuve Rhône, la pré-alerte à la remontée du coin a été déclenchée à plusieurs reprises sur le bras du Grand-Rhône depuis la mi-septembre notamment lors des marées à fort coefficient. L'impact sur la riziculture devrait être limité (fin de la saison d'irrigation). Dans le secteur d'Arles et des Saintes-Maries-de-la-Mer, la baisse du niveau de la nappe de la Crau (dépendant de son alimentation par la Durance) pourrait entraîner une remontée du biseau salé d'ici le début de l'hiver sur la bordure est du delta du Rhône.

7. Limitation des usages au 13 septembre 2022

Au 12 octobre 2022, vingt-et-un départements ont mis en oeuvre des mesures d'anticipation aux restrictions des usages de l'eau par la révision des arrêtés cadre interdépartementaux (ACi) et départementaux (ACd) :

  • 6 sur 7 ACi sont signés. La consultation de l'ACi Siagne (06-83) est terminée. La signature est suspendue à celle de l'arrêté cadre des Alpes-Maritimes et des échanges sur les résultats d'étude en cours.
  • 21 sur 27 ACd sont révisés et signés. Les 6 restants sont en cours ou en fin de consultation (06,48) soit en cours d'élaboration ou de révision (30, 34, 42, 66).

Au 12 octobre, face à la situation hydrologique constatées, 25 des 27 préfets de département du bassin ont été amenés à maintenir des mesures de restriction. Les précipitations de septembre ont amené à des mesures d'allègement des restrictions liées à l'usage de l'eau depuis la mi-septembre. Ainsi, à cette date, 11 départements appliquent encore des mesures de restriction du niveau CRISE sur certains bassins versants de leur territoire, contre 23 départements le 15 septembre.

Site PROPLUVIA, les restrictions d'eau

 

 

Restriction spécifiques aux eaux superficielles au 12/10/2022 Restrictions spécifiques aux eaux souterraines au 12/10/2022

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Publié le 20/10/2022