Novembre 2018 : l’étiage sévère se prolonge jusqu’à la fin novembre au nord qui contraste avec la recharge en cours au sud depuis 2 mois

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Dans la continuité du mois d’octobre, les précipitations ont rechargé les nappes ainsi que les débits des cours d’eau au sud du bassin. Cependant la situation reste délicate au nord du bassin avec une légère amélioration par rapport au mois d’octobre caractéristique d’un étiage sévère accompagné de records historiquement bas.

Le Rhône est toujours à un niveau exceptionnellement bas sauf le Rhône aval dont le débit est abondé par les volumes d’eau importants apportés par ses affluents aval venant des Cévennes (Cèze et Gard) en rive droite et par la Durance en rive gauche.

Les mesures de limitation des usages de l’eau sont encore en vigueur à cette période très tardive de l’année sur les eaux superficielles dans deux départements au niveau de crise en Savoie et Haute-Savoie, dans cinq départements des secteurs en alerte renforcée (la Drôme, la Savoie, la Haute-Savoie, le Doubs et la Haute-Saône) et dans 4 départements en alerte (Drôme, Savoie, Haute-Savoie, Haute-Saône). Pour les eaux souterraines, le niveau d’alerte renforcée perdure sur une partie des nappes de l’Isère et commence à être observé sur l’est des Pyrénées-Orientales.

L'étiage 2018 s'étire exceptionnellement tardivement dans l'année hydrologique sur la moitié nord du bassin. Les conséquences sur les milieux aquatiques et les usages sont contrôlés à ce jour. De nouvelles précipitations sont annoncées sur l'ensemble du bassin à partir de la mi-décembre.

(mis en ligne le 14 décembre 2018)

 

L’étiage sévère se prolonge jusqu’à la fin novembre au nord qui contraste avec la recharge en cours au sud depuis 2 mois

1. Pluviométrie

Après un début de mois relativement doux avec des températures situées au-dessus de la normale, le bassin enregistre des températures plus froides à compter du 17 novembre. La douceur se réinstalle ensuite jusqu’à la fin du mois. La température moyenne mensuelle est excédentaire d’environ 2°C par rapport à la normale.

Les précipitations sont significatives dans le sud du bassin et faibles dans le nord. Ainsi, les cumuls de précipitations sont très élevés dans les Cévennes et le quart sud-est de la Lozère avec des cumuls compris entre 250 et 1 000 mm. Excepté ces reliefs très arrosés qui font barrières aux précipitations caractéristiques des épisodes dits cévenols, les taux de précipitations sur le sud du bassin sont compris entre 75 à 250 mm hormis de faibles taux de précipitations observés dans le tiers ouest des Pyrénées orientales, compris entre 30 et 100 mm. A contrario, le cumul des précipitations est modéré sur l’extrémité nord du bassin et le nord-est ainsi qu’une partie des Alpes du nord (entre 20 et 100 mm).

Le bilan pluviométrique mensuel est largement excédentaire sur le sud du bassin ;

des épisodes de précipitation importants ont été enregistrés sur un court laps de temps, dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 novembre, dans le département du Var en particulier dans la région de La Londe les Maures et dans le secteur de Saint-Tropez (entre 80 et 100 mm). Cet épisode a causé des problèmes de circulation puisqu’un certain nombre de routes ont dû être fermées suite aux inondations.

Le cumul des pluies efficaces est très élevé (entre 400 et 500 mm) sur le secteur des Cévennes, élevé sur le reste du sud du bassin (entre 125 et 400 mm sur une bonne partie des départements), modéré sur la partie nord du bassin entre 25 et 75 mm. Un tel constat à cette période de l’année hydrologique sur le taux de pluie efficace influence directement le niveau des nappes (voir §3).

Le cumul des pluies efficaces depuis le 1er septembre 2018 est positif sur tout le bassin avec des taux plus importants dans le sud que dans le nord.

2. Débits des cours d’eau

La situation des cours d’eau du nord du bassin et d’une bonne partie de la région Auvergne-Rhône-Alpes (ARA) est inférieure, voire très inférieure, à la moyenne. Les rivières présentent des périodes de retour sèches de 20 ans et certaines battent des records atteignant des périodes de retour sèche de 50 ans voire supérieure. Associé à la perte du Doubs, le niveau du lac de Villiers, près de Morteau est à un niveau historiquement bas à peine dépassé en octobre 1906, il y a plus de 100 ans. Dans l’Ain et les Savoies, les cours d’eau enregistrent des débits très bas de période de retour décennale sèche caractéristique d’une période très sèche comme l’illustre Le niveau du lac d’Annecy qui a atteint sa côte la plus basse connue le 24 octobre.

Au contraire, dans la continuité du mois d’octobre, la situation des cours d’eau du sud du bassin s’améliore : les débits de la majorité des cours d’eau sont très supérieurs à la moyenne.

On constate une légère augmentation des débits du fleuve Rhône sur la plupart des stations. A noter la spectaculaire remontée du débit du Rhône à la station de Beaucaire qui passe d’octobre à novembre de 630 à 1650 m³/s dû à l’apport important des affluents aval du Rhône venant des Cévennes en rive droite( Cèze et Gard) et par la Durance en rive gauche. La Rhône amont et moyen a enregistré des débits très bas au 3e et 6e rang des débits les plus bas depuis 99 ans. Le débit du Rhône amont à la station Bognes continue à diminuer. Le Rhône moyen à la station de Valence, située en amont des centrales nucléaires de Cruas et Tricastin, passe d’un débit de 400 m³/s en octobre à un débit de 490 m³/s en novembre.

Les cours d’eau enregistrent des débits très bas de période de retour décennale sèche caractéristique d’une période très sèche dans l’Ain et les Savoies. Le niveau du lac d’Annecy a atteint sa côte la plus basse connue le 24 octobre, baisse progressive qui a permis aux milieux aquatiques de s’adapter.

3. Niveaux des nappes d’eaux souterraines

La situation très contrastée des nappes d’eaux souterraines entre nord et sud est comparable à celle du mois d’octobre. La recharge des nappes continue dans le sud, notamment pour les nappes proches de la côte méditerranéenne : le niveau des nappes situées sur le pourtour languedocien progresse à la hausse, certaines de ces nappes ayant déjà atteint en octobre un niveau très haut. La situation du reste du bassin reste quasiment inchangée depuis le mois d’octobre : les nappes du sud-est du bassin sont, comme le mois précédent, à la hausse avec, globalement, des niveaux modérément hauts, hauts ou très hauts.

Les nappes au niveau du Rhône moyen sont à des niveaux modérément bas, bas ou très bas et, pour la plupart, à la baisse dans les départements du Rhône (69), de l’Isère (38) et de la Drôme (26). Cependant, la situation à la baisse de certaines de ces stations s’inverse à la hausse.

Dans le nord du bassin, un certain nombre d’aquifères passent du stade à la baisse à celui de stagnation. De plus, certaines de ces nappes passent d’un niveau bas à un niveau très bas : c’est notamment le cas en Bourgogne Franche Comté pour la nappe de Dijon sud, à la station d’Izeure et celle de cailloutis pliocènes de la forêt de Chaux à la station d’Oussières. Deux nappes de la région Auvergne-Rhône-Alpes à niveau modérément bas passent également d’un niveau à la baisse à un niveau stable (nappe des alluvions de l’Isère en Combe de Savoie, à la station d’Aiton et nappe du Mont Genèvre, Casse déserte à la station La Roche de Rame).

4. Remplissage des retenues d’eau

Le taux de remplissage des retenues d’eau de la partie nord du bassin sont bas. Un très bon taux de remplissage des retenues de la partie sud du bassin est enregistré avec des taux compris entre 60 % et 100 % en particulier dans les Gard, l’Hérault et l’Aude, à l’exception de quelques retenues dans les Pyrénées-Orientales comme Vinça et Puyvalador.

Il n’a pas été possible de recueillir le taux de remplissage de la retenue Canal du Centre en région BFC à la fin du mois de novembre 2018.

5. Humidité des sols

En continuité du mois d’octobre, comme les précipitations ont été importantes dans le sud du bassin, les sols superficiels de ce secteur se sont bien rechargés en eau. Ainsi, certains départements présentent un indice d’humidité des sols très élevé (entre 0,95 et 1) sur la totalité de leur territoire (la Drôme, l’Ardèche (07), le Var, les Alpes-maritimes). D’autres départements présentent un tel indice sur une partie de leur superficie ainsi qu’un indice compris entre 0,60 et 0,95 . Les terrains sont excédentaires avec un taux très important pour le département des Bouches-du-Rhône : entre 50 et 100 %.

Les terrains du nord du bassin sont moins humides mais leur situation s’améliore par rapport au mois précédent avec des indices compris entre 0,60 et 0,85.

Les terrains sont déficitaires en eau notamment dans le nord-est du bassin où ils peuvent atteindre entre -40 et -70 % comme le Doubs (25) et le Territoire de Belfort (90).

6. Etat des milieux aquatiques

L’écoulement de certains cours d’eau est qualifié de très critique dans trois départements du bassin en Côte d’Or, Doubs (indice 6) et en Haute-Savoie avec un écoulement de 7. Tous les départements ayant réalisé une campagne complémentaire ONDE au mois de novembre améliorent leur indice ONDE par rapport au mois d’octobre.

Nota : les écoulements sont caractérisés par un indice de l’Observatoire national des étiages (ONDE) de 1 (mauvais écoulement) à 10 (bon écoulement).

7. Limitations des usages de l'eau au 10 décembre 2018

On constate toujours à cette période très tardive de l’année une poursuite très exceptionnelle de départements en situation de crise relative aux eaux superficielles en Savoie et Haute-Savoie, de départements en situations d’alerte renforcée pour les eaux superficielles dans cinq départements (la Drôme, la Savoie, le sud du Doubs, l’Est de la Haute-Saône ainsi que le nord-est et le sud-ouest de la Haute-Savoie), de secteurs en situation d’alerte dans 4 départements (sud et le nord-est de la Drôme, le nord-ouest de la Savoie, une bande nord-ouest/sud-est de la Haute-Savoie ainsi que l’ouest du département de la Haute-Saône). Les départements de l’Isère et la partie est de la Savoie sont en situation de vigilance.

Concernant les eaux souterraines, aucun département n’est en situation de crise. Certaines nappes des Pyrénées-orientales sont en situation d’alerte renforcée, tout comme le nord de la Drôme et les nappes de l’Isère, déjà à ce stade au mois d’octobre. La situation d’alerte est maintenue pendant le mois de novembre sur les autres nappes de l’Isère, de la Savoie et de la majeure partie de la Drôme. Le niveau de vigilance est observé dans un secteur situé au sud du département de la Drôme.

Situation au 10 décembre 2018 - Tableau de bord de suivi des arrêtés départementaux (PDF)

8. Bilan du mois de novembre 2018

Dans la continuité du mois d’octobre, les précipitations ont rechargé les nappes ainsi que les débits des cours d’eau au sud du bassin. Cependant la situation reste délicate au nord du bassin avec une légère amélioration par rapport au mois d’octobre caractéristique d’un étiage sévère accompagné de records historiquement bas.

Le Rhône est toujours à un niveau exceptionnellement bas sauf le Rhône aval dont le débit est abondé par les volumes d’eau importants apportés par ses affluents aval venant des Cévennes (Cèze et Gard) en rive droite et par la Durance en rive gauche.

Les mesures de limitation des usages de l’eau sont encore en vigueur à cette période très tardive de l’année sur les eaux superficielles dans deux départements au niveau de crise en Savoie et Haute-Savoie, dans cinq départements des secteurs en alerte renforcée (la Drôme, la Savoie, la Haute-Savoie, le Doubs et la Haute-Saône) et dans 4 départements en alerte (Drôme, Savoie, Haute-Savoie, Haute-Saône). Pour les eaux souterraines, le niveau d’alerte renforcée perdure sur une partie des nappes de l’Isère et commence à être observé sur l’est des Pyrénées-Orientales.

L'étiage 2018 s'étire exceptionnellement tardivement dans l'année hydrologique sur la moitié nord du bassin. Les conséquences sur les milieux aquatiques et les usages sont contrôlés à ce jour. De nouvelles précipitations sont annoncées sur l'ensemble du bassin à partir de la mi-décembre.

Publié le 03/10/2022