L'eau dans le bassin Rhône-Méditerranée

Le bilan pluviométrique de septembre 2025 est très contrasté entre la moitié nord du bassin et son quart sud-ouest, avec un fort excédent sur l'axe Saône et les massifs alpins, qui permet de conserver une bonne humidité des sols, et un déficit très marqué de l'Ardèche au Roussillon, qui aggrave la sécheresse des sols. La situation est aussi contrastée à l'est du Rhône. Les sols sont proches de la saturation, du Vaucluse au littoral toulonnais, suite aux épisodes pluvieux intenses du 1er et du 21 septembre. En Haute-Provence, dans le Centre Var et les Alpes-Maritimes, les précipitations restent déficitaires et les sols s'assèchent.

Au 1er octobre 2025, les taux de remplissage des retenues de Bourgogne sont inférieurs aux normales de saison. En Franche-Comté et dans les Alpes, le taux global dépasse désormais les 70 %, la situation devient plus favorable qu'en 2022 et 2023. Les retenues de Montpezat et du Chassezac ont été très sollicitées, leur taux global de remplissage passe en dessous des 50 %. En Occitanie, dans l'arrière-pays comme en plaine, la situation des retenues est globalement plus favorable que celle des 3 dernières années.

En septembre 2025, la situation s'est nettement améliorée pour les cours d'eau de Bourgogne-Franche-Comté, avec des débits globalement supérieurs à la moyenne. En Rhône-Alpes, la hausse des valeurs d'hydraulicité est plus modérée, avec localement des débits qui restent inférieurs aux normales dans l'Ain et la Drôme-Ardèche. Les débits repassent en dessous des normales dans le Languedoc et la situation s'aggrave dans l'Aude. Les épisodes de fortes pluies ont provoqué une hausse des débits, voire localement des inondations, du nord du Vaucluse au littoral varois. Les débits restent inférieurs aux normales en Haute-Provence.

Sur ce mois de septembre 2025, la tendance est globalement à la hausse pour les nappes les plus réactives du couloir Rhône-Saône, des Alpes et de la Côte d'Azur. La vidange reste active pour les nappes des secteurs moins arrosés du Jura, de Provence et du Languedoc-Roussillon, et pour la plupart des nappes inertielles.

Pluviométrie mensuelle

Avec un cumul de précipitations agrégées de 125 mm sur le nord du bassin, soit 119 % de la normale, ce mois de septembre 2025 se place au 19ème rang des cumuls les plus élevés depuis 1959. L'excédent dépasse les 100 % des Vosges au Lyonnais, avec une maximale de 150 % dans le Dijonnais. Les précipitations sont excédentaires de 40 à 80 % sur l'ouest des 2 Savoies et le pays de Gex, ainsi que sur la pointe nord et le sud de la Drôme. À l'exception de sa pointe nord-est, légèrement excédentaire, le département de l'Ardèche est déficitaire de 20 à 50 %.

Les précipitations de ce mois de septembre 2025 sont très hétérogènes sur le sud du bassin, avec un fort contraste de part et d'autre de la vallée du Rhône. En région PACA, les épisodes pluvieux intenses du 1er et du 21 septembre ont apporté un cumul de 100 à 150 mm de précipitations du Vaucluse au littoral varois. L'excédent atteint 50 % sur l'ouest du Vaucluse, l'ouest du Var, et le nord et l'est des Bouches-du-Rhône, voire 100 % sur le Toulonnais. L'est du Var, le Verdon et l'ouest des Alpes-Maritimes sont restés à l'écart des fortes pluies, avec des cumuls mensuels de 50 à 75 mm, soit 20 à 50 % de déficit. Les cumuls n'ont pas dépassé les 50 mm dans la région niçoise.

En Occitanie, les cumuls de précipitations sont très majoritairement déficitaires. Le littoral héraultais n'a reçu que 10 à 20 mm de pluies, soit un déficit de 75 %. Du Biterrois jusqu'au Lauragais, les cumuls, de l'ordre de 20 à 30 mm, sont déficitaires de 50 %. La plaine du Gard, l'arrière-pays héraultais et les Corbières ont reçu 30 à 50 mm de pluies, soit un déficit de 40 %. Seule la zone du Vallespir, dans les Pyrénées, est excédentaire de 25 %.

Précipitations efficaces

Avec 59,3 mm de pluies efficaces agrégées sur le nord du bassin en septembre 2025, soit un excédent de 19 % par rapport à la normale, c'est le 21ème cumul le plus élevé depuis 1959. Les cumuls sont excédentaires sur l'axe Saône, le Jura et les reliefs alpins, voire fortement excédentaires sur la pointe nord-ouest du bassin. Localement, les cumuls sont légèrement déficitaires sur l'est de la Saône-et-Loire, les contreforts alpins et la vallée du Rhône, et très déficitaires en Ardèche.

Les précipitations efficaces pour ce mois de septembre 2025 sont très déficitaires à l'ouest du Rhône, à la seule exception du Vallespir dans les Pyrénées-Orientales. À l'est du Rhône, les précipitations efficaces sont excédentaires dans le Vaucluse, le nord et l'est des Bouches-du-Rhône et l'ouest du Var. Elles sont déficitaires dans les Alpes-de-Haute-Provence, l'est varois et les Alpes-Maritimes.

La cinquième campagne de l'Observatoire national des étiages (ONDE) à l'échelle du bassin pour l'année 2025 a été réalisée du 23 au 27 septembre par les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) sur les petits cours d'eau

90 stations restent en rupture d'écoulement ou en assec fin septembre, soit 12% des observations. À la même période en 2024, 112 stations étaient en rupture d'écoulement ou en assec. En septembre 2023, 240 stations et en septembre 2022, 226 stations, étaient en rupture d'écoulement ou en assec, réparties sur tout le bassin.

Au 1er octobre 2025, la tendance reste à la baisse pour les retenues de Bourgogne, avec un taux de remplissage global inférieur à 40 %. En Franche-Comté, le niveau de la retenue de Vouglans reste stable, le taux de remplissage est supérieur à 80 %.

Dans les Alpes du Nord, la tendance est à la hausse, le taux global de remplissage est désormais supérieur à 70 %. Dans les Alpes du Sud, le taux global de remplissage est en baisse mais reste au-dessus des 70 %, une situation plus favorable qu'en 2023 et 2022.

Le taux de remplissage des retenues de Montpezat est en baisse par rapport au mois de septembre, il est désormais inférieur à 30 % au 1er octobre 2025. Le taux de remplissage des retenues du Chassezac est en baisse, il atteint 50 % ; une situation néanmoins plus favorable que celle d'octobre 2024.

Dans le Gard et l'Hérault, le taux de remplissage global est en hausse et dépasse désormais 50 %, une situation similaire à celle de 2024. Dans le Roussillon, la situation est globalement plus favorable que celle des 3 dernières années, avec un taux de remplissage supérieur à 50 %.

Canaux VNF :

Au niveau national, le taux de remplissage des canaux VNF est en légère hausse, passant de 36 % au 1er septembre à 41 % au 1er octobre 2025, pour un taux moyen habituel de 36 % sur ces 10 dernières années.

La tendance est à la hausse pour le Canal de Bourgogne, versant Saône, avec un taux de remplissage de 38 % au 1er octobre 2025. Ce taux était de 64 % au 1er octobre 2024 et de 25 % au 1er octobre 2023.

Le taux de remplissage du Canal du Midi au 1er octobre 2025 est de 31 %. Ce taux était de 46 % au 1er octobre 2024, et de 36 % au 1er octobre 2023.

En septembre 2025, la situation s'est nettement améliorée pour les cours d'eau du nord du bassin, avec des débits supérieurs à très supérieurs à la moyenne sur l'axe Saône et plus proches des normales en Franche-Comté. En Rhône-Alpes, la hausse des valeurs d'hydraulicité est plus modérée, avec localement des débits qui restent inférieurs aux normales dans l'Ain et la Drôme-Ardèche.

L'hydraulicité est en baisse sur la quasi-totalité des cours d'eau à l'ouest du delta du Rhône, avec des débits qui repassent en-dessous des normales dans le Languedoc et une situation qui s'aggrave dans l'Aude. Seuls les cours d'eau proches de la frontière espagnole voient leurs débits légèrement augmenter. Les épisodes de fortes pluies ont provoqué une hausse des débits sur les cours d'eau du nord du Vaucluse au littoral varois, avec localement des inondations. Les débits restent inférieurs aux normales en Haute-Provence.

Fleuve Rhône :

L'hydraulicité du mois de septembre 2025 est globalement proche de la moyenne historique 1920-2025 sur l'ensemble des stations. Les valeurs de septembre 2025 se situent nettement au-dessus des années d'étiage marquant comme 1949, 2003 ou 2009. Sur la Saône à Couzon , les débits sont même supérieurs à la moyenne, traduisant une hydraulicité légèrement excédentaire sur ce secteur. Le classement des débits (rang entre 49 et 76 sur 105 années) confirme un mois hydrologiquement normal à modérément sec.

Sur l'année glissante, d'octobre 2024 à septembre 2025, les coefficients annuels compris entre 0,89 et 0,93 confirment un contexte hydrologique globalement normal à modérément sec, contrastant avec la période précédente, d'octobre 2023 à septembre 2024, qui présentait des conditions nettement plus humides.

Coefficient d'hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2025

Source : Compagnie nationale du Rhône (CNR)

L'indice d'humidité des sols reste excédentaire au 1er octobre 2025 sur une bonne partie du nord du bassin. Cet excédent dépasse les 50 % localement dans le bassin amont de la Saône. Les sols demeurent légèrement plus secs que la normale de la pointe nord-est de la Savoie à l'ouest de la Drôme. La sécheresse des sols s'aggrave en Ardèche, avec un déficit d'humidité qui atteint les 50% dans le sud du département.

Les sols se sont globalement asséchés depuis le 1er septembre sur le sud du bassin. En Occitanie, seuls les reliefs pyrénéens conservent des sols légèrement humides au 1er octobre 2025. Sur le reste de la région, les sols sont secs, voire très secs dans les Corbières, le Haut Languedoc et la petite Camargue, avec un déficit d'humidité atteignant les 90 %. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, les sols restent humides sur les Hautes-Alpes, le Vaucluse, une grande partie des Bouches-du-Rhône et le littoral varois de Saint-Cyr-sur-Mer à Hyères. Les sols sont secs sur le sud des Alpes-de-Haute-Provence, la Camargue, le reste du Var et les Alpes-Maritimes, avec un déficit d'humidité qui atteint les 70 % sur le littoral azuréen.

Les précipitations de ce mois de septembre 2025 ont interrompu la phase de vidange des nappes les plus réactives de Bourgogne-Franche-Comté, mais la tendance à la baisse persiste pour les zones moins arrosées et les nappes plus inertielles, avec des niveaux modérément bas à bas. La tendance est globalement à la hausse pour les nappes du couloir Rhône-Saône, mais les situations locales peuvent cependant être hétérogènes entre nappes réactives et inertielles, avec des niveaux allant de bas à hauts. Pour les nappes alpines, l'amorce de la période de recharge se confirme, avec des niveaux modérément bas à très hauts.

Les nappes alluviales du Rhône inférieur et de ses principaux affluents ont bénéficié d'apports pluviométriques conséquents tout au long du mois de septembre, et présentent des situations excédentaires, avec des niveaux supérieurs à ceux des années antérieures. Les niveaux restent hauts pour les nappes réactives de la Côte d'Azur. La vidange reste active pour plusieurs nappes réactives du littoral du Roussillon et du Languedoc. Les niveaux restent bas à très bas sur les nappes de la vallée de l'Aude et du massif des Corbières, et les nappes inertielles de la plaine du Roussillon, une situation qui dure depuis mai 2023.

Au 1er octobre 2025, 15 départements du bassin Rhône-Méditerranée ont des secteurs en vigilance ou sont concernés par des mesures de restriction des usages de l'eau. 4 départements, les Bouches-du-Rhône, l'Hérault, l'Aude et les Pyrénées-Orientales, ont des secteurs avec des mesures de restriction de niveau crise.