MARS 2024 : Un mois exceptionnellement pluvieux et chaud sur la majorité du bassin

Ciel de nuages sur le lac de Saint-Point

Un mois de mars exceptionnellement pluvieux et chaud sur la majorité du bassin, objet d’épisodes méditerranéens intenses, qui confirme une situation hydrologique excédentaire en sortie d’hiver, sauf sur le Roussillon.

Ce mois de mars 2024 se place au 2ᵈ rang des cumuls de précipitations les plus élevés sur le nord du bassin. Des excédents records sont enregistrés dans la Drôme et en Ardèche. En PACA, ce mois de mars est le plus pluvieux depuis le début des mesures, avec la succession de 4 épisodes méditerranéens. Le cumul de précipitations est excédentaire sur le Languedoc, mais reste déficitaire sur les plaines du Roussillon.

Les températures sont restées au-dessus des normales sur l’ensemble du bassin. L’enneigement sur le massif du Jura reste déficitaire. Sur les Alpes, l‘enneigement est excédentaire au-dessus de 2 400 m, de plus de 25 % sur l’est de la Haute-Savoie, de la Savoie et de l’Isère et de plus de 50 % sur les Alpes du Sud. L’enneigement est toujours quasiment nul dans les Pyrénées-Orientales.

Au 1er avril 2024, les retenues de Bourgogne-Franche-Comté et du sud du Massif Central ont désormais des taux de remplissage conformes aux normales de saison, supérieurs à ceux de mars 2023. Les taux de remplissage globaux des retenues des Alpes du Nord, et dans une moindre mesure de celles des Alpes du Sud, reflètent une stratégie de gestion privilégiant la production hydroélectrique en prévision d’une fonte des neiges abondante au printemps. Les retenues multi-usages en plaine du Roussillon conservent des niveaux particulièrement faibles, mais localement supérieurs à ceux de mars 2023.

Au 1er avril 2024, la situation des nappes du bassin est nettement plus favorable qu’au 1er avril 2023. La recharge, entamée fin octobre 2023, s’est poursuivie en mars et les tendances sont globalement en hausse. Seules les nappes de l’ouest de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales conservent des niveaux plus bas qu’en mars 2023.

1. Point météorologique : précipitations, enneigement, températures

Pluviométrie

Avec un cumul de précipitations agrégées de 170,2 mm sur le nord du bassin, soit 211 % de la normale, ce mois de mars 2024 se place au 2ᵈ rang des cumuls les plus élevés depuis 1959.

Les cumuls mensuels de précipitations pour ce mois de mars 2024 vont de 100 mm en Franche-Comté à plus de 200 mm en Bourgogne. Pour un nombre de jours de précipitations à peu près équivalent, si les pluies en Franche-Comté ne sont que légèrement supérieures à la normale, l’excédent de pluie atteint 200 % sur la Bourgogne.

Une grande partie des deux Savoie ainsi que le massif jurassien sont déficitaires de 15 à 25 %, très ponctuellement de 30 à 40 % dans le Pays de Gex et autour d’Annecy. Les cumuls de précipitations sur la région s’échelonnent de 46,8 mm en Haute-Savoie jusqu’à 912 mm en Ardèche, soit un écart de plus de 850 mm. Des excédents records sont enregistrés dans la Drôme avec un cumul agrégé de 202 mm, soit +219 %, et en Ardèche avec un cumul agrégé de 408 mm de précipitations, soit +500 %. Les précipitations records sur ces départements ont été enregistrées en quelques jours seulement, avec un épisode cévenol exceptionnel pour la saison le 9 mars et des épisodes de pluies intenses les 26 et 31 mars (voir focus).

 

Le mois de mars 2024 a été aussi très arrosé sur une grande partie sud du bassin, avec la succession de 4 épisodes méditerranéens (voir focus).

En PACA, ce mois de mars est le plus pluvieux depuis le début des mesures en 1959. En moyenne sur la région, le cumul mensuel est de l’ordre de 230 mm, bien au-dessus de la normale de 57 mm. Les cumuls de précipitations sont très importants sur les Alpes-Maritimes, avec un cumul mensuel moyen de 363 mm, et 400 à 500 mm dans le pays Grassois notamment, soit un excédent de +500 %. 250 à 350 mm sont relevés sur le Var et le relief vauclusien, et 100 à 250 mm sur les Hautes-Alpes et la vallée du Rhône, soit un excédent 2,5 à 4 fois supérieur à la normale.

Le cumul de précipitations est excédentaire de +147 % en Languedoc-Roussillon, mais avec de très fortes disparités. En effet, les Pyrénées-Orientales, à l'exception du sud de la chaîne Pyrénéenne, ainsi que l’Aude, restent inexorablement en déficit pluviométrique. Ce déficit de 30 %, jusqu’à 70 % sur le littoral, est dans la continuité de la sécheresse déjà subie ces derniers mois. L’Hérault est excédentaire de 100 à 200 %, les Cévennes et la Lozère sont excédentaires de 300 à 500 %, des quantités de précipitations records jamais observées depuis 150 ans au mois de mars.

 

Focus sur les épisodes méditerranéens du mois de mars :

Ce mois de mars est marqué par une succession de 4 épisodes méditerranéens apportant de forts cumuls de pluie sur une grande partie du sud du bassin : les 2-3, les 9-10, les 25-26, et les 30-31 mars.

Un cumul de 80 mm en 24 h a été atteint localement en PACA le 3 mars, le 9 mars et le 26 mars. Une telle succession d’épisodes pluvieux est inédite pour un mois de mars, avec plusieurs records mensuels de précipitations depuis le début des mesures :

 

Station

Cumul en mars 2024

Rapport à la normale

Montélimar (Drôme)

211 mm

4 fois la normale

Aubenas (Ardèche)

330 mm

5.5 fois la normale

Mende (Lozère)

203 mm

4 fois la normale

Nîmes (Gard)

250 mm

5.5 fois la normale

Avignon (Vaucluse)

138 mm

4 fois la normale

Marseille (Bouches-du-Rhône)

147 mm

5 fois la normale

Tarascon (Bouches-du-Rhône)

223 mm

6 fois la normale

Fréjus (Var)

257 mm

5 fois la normale

Cannes (Alpes-Maritimes)

298 mm

5 fois la normale

 

Deux épisodes, les 2-3 et les 25-26 mars, ont concerné principalement les Cévennes et la Lozère, avec des chutes de neige épaisse. Les épisodes des 8-9 mars et 30-31 mars ont touché d’abord les Cévennes puis les plaines Gardoises et est-héraultaises. De nombreux records de précipitations mensuelles ont été battus dans le Gard et en Lozère.

Historiquement, les pluies méditerranéennes surviennent pendant l’automne. Cependant, des épisodes de fortes précipitations au printemps ont pu être observés ces 15 dernières années près de la Méditerranée.

 

Cumul de précipitations mars 2024

 

Depuis le 1er septembre 2023, le cumul de précipitations agrégé sur le nord du bassin est de 960,1 mm, soit 134 % de la normale, ce qui classe cette période au 5ᵉ rang des cumuls les plus élevés depuis 1959. Le rapport à la normale est de 110 %, en Haute-Saône, dans le nord du Doubs et dans le Rhône, à 140 % sur le reste de l’Axe Saône et le Jura, voire 150 à 160 % sur les Alpes.

Depuis le début de l'année hydrologique, les reliefs du sud du bassin connaissent un excédent de précipitations, avec un rapport à la normale de 110 à 125 % sur les reliefs de moyenne altitude comme le Ventoux, le Luberon et la Sainte-Baume et de 125 à 200 % sur les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes et la Lozère. Le littoral varois, la vallée du Rhône et le Gard sont autour de la normale.

Les bilans restent déficitaires de 25 à 50 % dans l’arrière-pays de l’Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, et de 50 à 75 % sur leurs littoraux.

 

Précipitations efficaces

Avec 134,6 mm de pluies efficaces agrégées sur le nord du bassin pour une normale de 48,2 mm, soit une différence de 86,5 mm, c’est le 4ᵉ cumul le plus élevé depuis 1959. Le bilan est bien supérieur à la normale sur les Alpes du Nord frontalières, sur le sud de l’Isère et la Drôme.

Pour le mois de mars 2024 sur le sud du bassin, le bilan des précipitations efficaces est très élevé sur les Cévennes et les Alpes-Maritimes. Il reste bien positif de l’ensemble de la région PACA jusqu’à l’Hérault. Il est quasiment nul dans l’Aude et les plaines des Pyrénées-Orientales.

 

 

Depuis le mois de septembre 2023, le cumul des pluies efficaces agrégé sur le nord du bassin est de 748,6 mm, soit 137,6 % de la normale. C’est le 6ᵉ cumul le plus élevé depuis 1959. Une grande partie du nord du bassin est en excès, avec localement un rapport à la normale entre 150 et 200 %, sur la basse vallée de la Saône, la Haute-Savoie et le nord de la Drôme-Ardèche.

Depuis le début de l'année hydrologique, le bilan en terme de précipitations efficaces est très légèrement positif sur le sud du bassin. Il est nettement positif sur les reliefs, des Hautes-Alpes au Mercantour, et reste positif également dans l’intérieur varois, les pré-Alpes et sur les Cévennes. Sur le golfe du Lion, le bilan est négatif, jusqu’à seulement 25 % de la normale sur le littoral de l’Aude et des Pyrénées-Orientales.

 

 

Températures


En Bourgogne-Franche-Comté, la douceur a dominé pendant ce mois avec des températures moyennes mensuelles supérieures de 2 à 3 degrés aux normales. Les températures minimales sont restées quasiment tout le mois au-dessus de la normale, ce qui se traduit par un très faible nombre de jours de gel. Pour les maximales, ce sont les secteurs de l’arc jurassien qui présentent la plus forte anomalie positive.

En Rhône-Alpes, les températures minimales ont été très douces, seuls 2 jours de gel maximum ont été relevés en plaine. Il s’agit du 4ᵉ mois de mars le plus doux en terme de températures minimales depuis 1950. Comme les mois précédents, l'anomalie positive de température a été marquée sur la région, de +1,8° C, ce qui fait de mars 2024 le 7ᵉ mois de mars le plus chaud depuis 1950.

En PACA, le mois de mars 2024 est une nouvelle fois plus chaud que la normale, avec une anomalie positive de +1.26°C. Il s'agit du 24ᵉ mois consécutif dans ce cas, se classant à la 8ᵉ position sur les 30 derniers mois de mars.

En Occitanie, ce mois a été plus chaud que la normale, de +1.5°C. Les maximales ont excédé largement les 20 degrés en plaine, jusqu’à 25 à 27 °C localement au pied des Pyrénées.

 

Les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois d’avril, mai et juin 2024 évoluent peu par rapport au mois précédent. Sur une grande partie de l’Europe, la circulation de masses d’air plus chaud que la normale reste privilégiée. Pour les précipitations, aucune tendance ne se dégage.

 

Enneigement

L’enneigement sur le massif du Jura reste déficitaire depuis février, seuls 20 à 30 cm de neige fraîche sont tombés entre le 9 et 11 mars, vers les 1 500 m. Sur les Alpes, l‘enneigement est excédentaire au-dessus de 2 400 m, il est en revanche déficitaire vers 1 500 m. L’équivalent en eau du manteau neigeux au 1er avril 2024 sur les Alpes, à une altitude supérieure à 1 000 m, est compris entre 350 et 400 mm. Au 1er avril 2024, l’équivalent en eau du manteau neigeux est déficitaire sur l’ensemble du Jura, et de l’ouest de la Haute-Savoie à l’ouest de l’Isère. À l’inverse, la quantité d’eau stockée dans le manteau neigeux est excédentaire de plus de 25 % sur l’est de la Haute-Savoie, de la Savoie et de l’Isère et de plus de 50 % sur les Alpes du Sud. Elle atteint deux à trois fois la normale par endroits sur le relief des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes. Elle est plus proche de la normale sur le centre de la Savoie. L’enneigement est quasi nul dans les Pyrénées-Orientales.

 

 

2. Situation des milieux aquatiques et de leurs habitats

2 départements du bassin ont bénéficié d’une campagne complémentaire exceptionnelle d’observation, les 24 et 25 mars 2024, effectuée par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) dans le cadre de l’Observatoire national des étiages (ONDE).

Retour à la normale dans le Var, avec 100 % d’écoulement visible sur les 30 cours d’eau observés.

Dans l’Hérault, 10 % des petits cours d’eau observés étaient encore en difficulté, soit 3 cours d’eau en assec sur 30.


 


 

3. Situation des retenues d’eau

Au 1er avril 2024, les retenues de Bourgogne-Franche-Comté conservent des taux de remplissage conformes aux normales de saison, supérieurs à ceux de mars 2023

Les taux de remplissage bas des retenues hydroélectriques des Alpes du Nord, et dans une moyenne mesure de celles des Alpes du Sud, reflètent la stratégie de gestion privilégiant le turbinage en fin d’hiver en prévision de la fonte des neiges abondante au printemps.

Les taux de remplissage des retenues de Montpezat et du Chassezac dans le Massif Central, et du Gard, sont désormais conformes aux normales de saison, et supérieurs à ceux de mars 2022 et 2023.

Peu d’évolutions dans l’arrière-pays languedocien, les précipitations n’ont pas été assez efficaces pour augmenter significativement le niveau des retenues. Les retenues multi-usages en plaine et dans les Pyrénées-Orientales conservent des niveaux particulièrement bas, mais localement supérieurs à ceux de mars 2023.

Canaux VNF :

Au niveau national, les canaux VNF ont un taux de remplissage de 94 % au 1er avril 2024, pour une moyenne habituelle de 88 % sur ces 10 dernières années. Le Canal de Bourgogne, versant Saône, a atteint son taux de remplissage maximum utile, loin des 66 % de remplissage de mars 2023. Sur le Canal du Midi, VNF a privilégié la prudence et réitéré la réduction de moitié de son quota de remplissage : le taux de remplissage est de 92 %, contre 76 % en 2023.

 

4. Hydrologie : cours d’eau, hydraulicité, fleuve Rhône

En Bourgogne, les débits des cours d’eau ont été soutenus par de fortes précipitations, entraînant parfois des épisodes localisés de crues. En Franche-Comté, les débits restent en dessous des normales.

L’hydraulicité a globalement augmenté sur la région Rhône-Alpes. Le déficit de précipitation sur les secteurs nord-alpins et jurassiens se fait sentir avec des hydraulicités inférieures à la normale. L’Ardèche, qui était en dessous d’une situation normale, retrouve des débits importants liés aux fortes précipitations du mois. La Drôme voit également sa situation à la hausse avec une hydraulicité globalement élevée. Les bas débits caractérisés par le VCN ³ (volume consécutif minimal pour 3 jours) sont globalement supérieurs à la normale, et traduisent une situation humide. Les cours d’eau du Rhône et de l’Ardèche n’ont connu que des débits élevés durant ce mois. Dans la Drôme, l’Isère, l’Ain, la Savoie et Haute-Savoie, les plus bas débits sont proches de la normale.

Les 4 épisodes méditerranéens de ce mois de mars ont favorisé l’augmentation importante du débit des cours d’eau sur l’ensemble de la région PACA. Les débits mensuels enregistrés sont largement supérieurs aux débits interannuels. Le caractère des plus basses eaux de l’ensemble des stations de la région est qualifié d’humide, à l’exception de l’arrière-pays varois. Pour les cours d’eau sud-alpins, les périodes de retour sont très élevées, entre 20 et 50 ans. Les débits sont excédentaires depuis le début de l’automne.

Dans les Cévennes et l’arrière-pays languedocien, les débits sont globalement supérieurs aux normales. Les cours d’eau de plaine et les fleuves côtiers du Roussillon sont toujours en difficulté hydrologique, avec des débits bien inférieurs aux normales.

 

Fleuve Rhône :

Le mois de mars 2024 se caractérise par une hydraulicité proche de la moyenne interannuelle sur les stations du Rhône en aval de Lyon, sauf pour la station de Beaucaire. En effet, plusieurs crues des affluents du Bas Rhône, dont l’Ardèche, la Cèze, la Durance, le Gard, ont maintenu un débit élevé à Beaucaire avec deux pics de crue supérieurs à 5 000 m³/s. Le coefficient d’hydraulicité mensuel de cette station est de 1.3, avec un pic de crue remarquable de 7 040 m³/s le 10 mars 2024.

Coefficient d’hydraulicité du fleuve Rhône sur 12 mois, de 2020 à 2024

 

BOGNES

TERNAY

VALENCE

BEAUCAIRE

avril 2020-mars 2021

1.00

0.89

0.88

0.85

avril 2021-mars 2022

0.98

0.96

0.93

0.87

avril 2022-mars 2023

0.87

0.68

0.65

0.61

avril 2023-mars 2024

1.18

1.08

1.07

1.04

Source : CNR


 


 

5. Humidité des sols

L’ensoleillement a été généralement plus faible que la normale sur le bassin, le déficit a atteint 15 à 30 %. Le mois de mars 2024 est le 24ᵉ mois consécutif plus chaud que la normale sur la région PACA, avec une anomalie positive de +1.26°C.

L’indice d’humidité des sols agrégé sur le nord du bassin reste au-dessus de la moyenne depuis le 22 février, et se rapproche du record « haut » le 1er avril 2024. L’humidité sur le nord du bassin est globalement excédentaire de 10 à 40 %, ponctuellement de 50 à 60 % en Bourgogne, et jusqu’à 60 à 80 % en Ardèche. En Ardèche, l’indice d’humidité est supérieur à la moyenne depuis le 10 février, avec des records « hauts » lors des épisodes exceptionnels du 9 et 10 mars et du 30 mars au 1er avril. Sur les Alpes du Nord, elle est néanmoins dans la norme ou légèrement déficitaire de 10 à 20 %. Sur les deux Savoie, l’indice d’humidité est inférieur à la médiane depuis le 3 mars, temporairement au-dessus entre le 18 et le 28 mars.

Par rapport au 1er mars 2024, les sols superficiels du sud-est du bassin se sont bien humidifiés grâce à de forts cumuls de précipitations. Les Alpes du Sud et les Cévennes étaient déjà bien humides et sont maintenant proches de la saturation. L’évolution est plus notable sur les plaines gardoises, les Bouches-du-Rhône hors Camargue et le Var, où l’on est passé de sols plutôt secs à des sols bien humides. En revanche, le littoral du golfe du Lion, de la Camargue à la frontière espagnole, reste plutôt sec, en particulier les littoraux de l'Aude et des Pyrénées-Orientales où la sécheresse est toujours très marquée.

 

 

6. Situation des nappes d’eaux souterraines

Au 1er avril 2024, la situation des nappes du bassin est nettement plus favorable qu’en avril 2023. La recharge, entamée fin octobre 2023, s’est poursuivie en mars et les tendances sont globalement en hausse. Seules les nappes de l’ouest de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales conservent des niveaux plus bas qu’en mars 2023.

Les niveaux des nappes du Grand-Est, du Jura et des alluvions des vallées des Alpes, du Rhône et de la Saône restent stables ou se dégradent légèrement sur les secteurs faiblement arrosés en février et mars. L’inertie des nappes du couloir Rhône-Saône implique un temps d’infiltration des pluies à travers la zone non saturée de plusieurs semaines. Les pluies efficaces de l’automne et l’hiver 2023-2024 ont été particulièrement abondantes et ont permis à ces nappes inertielles d’enregistrer de fortes remontées.

La situation reste critique sur le plio-quaternaire de la Dombes avec des niveaux bas à très bas. Les niveaux sont toujours en dessous des normales dans l’Est Lyonnais ainsi que dans la molasse miocène du Bas Dauphiné, où ils peuvent même être encore localement très bas. Les niveaux sont en hausse pour les nappes réactives de la vallée de l’Eygues, la vallée de la Drôme et les calcaires du Diois Baronnies. Au niveau des karsts, les niveaux sont plutôt moyens sur le Bugey et le Jura ainsi que le Vercors, mais moyens à hauts dans les pré-Alpes du Nord. Des niveaux très hauts sont enregistrés sur la nappe de l’Avant-Pays savoyard, après une recharge très excédentaire.

Jusqu’à fin février ou début mars, l’état des nappes du pourtour méditerranéen demeurait tendu. La recharge de mars, avec plusieurs épisodes d’intense précipitation, a permis d’améliorer considérablement la situation des nappes de la bordure cévenole, de la Provence et de la Côte d’Azur. Les niveaux sont repassés au-dessus des normales mensuelles, de proches des normales à hauts. Les niveaux relevés fin mars 2024 sur les nappes côtières de la Côte d’Azur sont supérieurs de près d’un mètre en moyenne à ceux de la fin mars 2023. Le mois de mars 2024 est aussi statistiquement un des mois les plus forts en recharge des ressources karstiques, notamment dans le Var et Alpes-Maritimes.

Sur les Alpes du Sud, les nappes et ressources ont montré quelques pics de crue d’ampleur limitée durant le mois de mars, mais les précipitations ont eu un impact moins visible que dans les plaines en aval. En effet, une part importante des précipitations s’est produite sous forme de neige qui n’a pas encore fondu. Les niveaux de ces nappes montagneuses sont tout de même plus hauts par rapport à la fin mars 2023, et les débits de sources supérieurs.

Sur le littoral du Languedoc, la recharge de mars est significative, mais les pluies infiltrées restent insuffisantes pour combler les déficits de ces derniers mois. Les nappes présentent encore des niveaux peu favorables, de modérément bas à très bas. Les niveaux de la nappe des sables astiens de Valras-Agde sont très bas, les pluies de janvier et de mars 2024 n’ayant pas été suffisantes pour compenser les déficits accumulés ces trois dernières années.

L’état des nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon et des calcaires karstifiés du massif des Corbières reste extrêmement dégradé, avec des niveaux très bas, conséquence de déficits pluviométriques depuis plus d’un an. Certaines stations de mesure observent des niveaux en baisse continue depuis mai 2022 et atteignent des niveaux historiquement bas.

 

 


 

7. Mesures d’anticipation et de restriction des usages de l’eau

Au 1er avril 2024, 5 départements du bassin Rhône-Méditerranée sont concernés par des mesures de restrictions de l’usage de l'eau : 

Vigilance : le Var, l’Aude, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales.

Alerte : l'Ain (nappe de la Dombes), l’Hérault et les Pyrénées-Orientales.

Alerte renforcée : l'Ain (nappe de la Dombes), l’Aude, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales.

Crise : l’Aude et les Pyrénées-Orientales.

Publié le 24/10/2024