Définition et enjeu de la préservation des zones humides

« On entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année » (Article L 211-1 du code de l’environnement)

La réglementation précise les critères d’identification et de délimitation des zones humides (arrêté ministériel du 24 juin 2008 modifié par l'arrêté du 1er octobre 2009 et article R211-108 du code de l’environnement).

Un objectif majeur : enrayer la disparition des zones humides

Aujourd’hui, aucun inventaire national ne permet d’évaluer précisément la surface des milieux humides continentaux et littoraux du territoire hexagonal. En 2023, l'article scientifique (Fluet-Chouinard et al 2023) estime à 21% les surfaces mondiales de zones humides qui ont disparu depuis 1700. Les travaux de cartographie nationale (2021) rapportent que les milieux probablement humides couvrent environ 30 % du territoire hexagonal, soit près de 165 000 km². Parmi ceux-ci, 7% sont urbanisés (11 550 km²) et 2,4% (3 960km²) font l’objet de drainage agricole (OFB).

Pour le bassin Rhône-Méditerranée, les superficies propices à la présence de milieux humides sont précisées avec l’espace humide de référence (EHR). Celui-ci couvre 41% de la superficie du bassin soit 53 546 km². En 2020, les travaux de caractérisation de l’EHR à partir des indicateurs de pression RhoMéo, précisent que 5 836 km² (11%) ont disparu sous l’urbanisation et que 47 710 km² (19,5%) sont soumis à des pratiques agricoles intensives qui altèrent leur fonctionnement.

Ces chiffres récents, obtenus à partir de travaux cartographiques homogènes (méthodes, bases de données), nuancent ce qui était admis dans les communications institutionnelles :

  • 87 % des zones humides ont disparu entre le 18e et le 20e siècle d’après la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES);
  • 50% des zones humides ont disparu entre les années 1960 et 1990.

Les causes de cette régression sont nombreuses : politique structurelle d’après-guerre (remembrement, drainage, rectification des cours d’eau), politique conjoncturelle (indemnité viagère de départ dans les années 1970), effets de la politique agricole communautaire (simplification des agrosystèmes et spécialisation …), urbanisation, grands projets d’aménagements et travaux d’infrastructures, remblaiements, aménagements hydroélectriques, extraction de granulats…

Encore aujourd’hui, en dépit de la prise de conscience du rôle de ces milieux et de la mobilisation pour leur protection, la tendance ne s’est pas inversée et les zones humides restent menacées.

Pourquoi préserver les zones humides ?

Compte tenu de leurs interactions avec les autres composantes de l’hydrosystème (eau souterraine, cours d’eau…), leur rôle dans la préservation ou la reconquête du bon état des eaux est admis par tous.

Ces infrastructures naturelles assurent des fonctions hydrologiques (zones d’expansion des inondations et écrêtement des crues), physiques et biogéochimiques (qualité de la ressource en eau) et biologiques (réservoirs de biodiversité : habitats, espèces, ressources génétiques). Ces fonctions rendent de nombreux services pour l’Homme : protection contre les crues, qualité de l'eau potable et soutien de la disponibilité de l'eau pour les usages agricoles et industriels.

Publié le 24/01/2025